L'if et la rose - Agatha Christie, sous le pseudonyme de Mary Westmacott

Comment John Gabriel qu'Hugh Norreys a connu bien des années plus tôt, a-t-il pu passer du statut de détestable opportuniste à celui de bon samaritain ? A la veille de sa mort, Gabriel demande à Norreys de venir le voir, il a une confidence à lui faire.

Ce n'est pas une nouveauté, j'apprécie Agatha Christie. Mais jusqu'à présent, je n'ai lu d'elle que la partie "connue" de son oeuvre, à savoir ses romans policiers. Pourtant, Agatha Chrisie publia au cours de sa carrière littéraire six romans sous le pseudonyme de Mary Westmacott plus proches de la romance. L'if et la rose est le quatrième de ces romans.

J'avoue que je peux comprendre qu'un auteur veuille s'éloigner du genre dans lequel on le pousse à rester, Christie étant devenue rapidement une auteur de best sellers comme on dirait aujourd'hui. A raison d'une ou deux publications par an de polar, je pense que ces romans sous pseudonyme lui ont permit d'expérimenter un autre style. Mais comme toute expérimentation, le résultat n'est pas parfait.

Pourtant, il y a dans L'if et la rose des idées qui seront reprises plus récemment par Julian Fellowes ou Robert Goddard : l'idée d'une classe supérieure en déclin, l'envie d'arriver aux plus hautes sphères jusqu'alors réservées à cette classe supérieure... Au lendemain de la guerre, Agatha Christie dépeint une société en pleine évolution, qui voit ses codes changer, avec une acuité très pertinente pour son époque. On peut également apprécier les nombreuses références littéraires, notamment à Shakespeare, qui émaillent le récit d'une rencontre, d'une rivalité amoureuse en quelque sorte...

"La classe dirigeante. La classe gouvernante. La classe supérieure. Des termes détestables. Et cependant, soyons honnêtes, un fond de vérité !"

"Oh, je ne crois en rien. Pour moi, c'est purement affaire d'opportunité. Je dois gagner ma vie. La guerre est quasiment finie, et les boulots en or ne courent pas les rues. J'ai toujours pensé que je pourrais me faire un nom en politique. Vous verrez !"

"Etre Lady Saint Loo, c'est ça qu'elle vise. Et ça sert à quoi, aujourd'hui, d'être une foutue Lady Saint Loo ? Tout ça, c'est fini, ça fait rire de nos jours - une vraie farce."

Mais je ne vous en dirai pas plus... Si la fin m'a sur le coup laissée sur ma faim, j'entrevois avec un peu de recul le message que voulut faire passer l'auteur, même si je m'attendais à un rebondissement, une révélation bien plus efficace et puissante... Peut-être la déformation des romans policiers d'ailleurs ! En tout cas, pour qui apprécie Christie dans son style policier, voilà une découverte intéressante pour mieux connaître l'auteur !

Une lecture en partenariat avec NetGalley et Livre de poche et qui s'inscrit dans le cadre du challenge "Un classique par mois" de Pr. Platypus.

Texte © Miss Alfie 2016.
Couverture : L'if et la rose, Agatha Christie (sous le pseudonyme de Mary Wesmacott), traduit de l’anglais par Dominique Chevallier, éditions Livre de poche, 2016, 320 pages.

Comments

[Estellecalim]

Je suis en train de le lire, mais ce n'est pas toujours passionnant.