Mudwoman - Joyce Carol Oates
Alors qu'elle doit donner une conférence dans la région où elle a grandi, Meredith Neukirchen loue une voiture. Un voyage sur un coup de tête qui signe le début d'une spirale étrange pour cette brillante intellectuelle, présidente d'université...
Dans ma volonté de vider de ma PAL les livres qui y traînent depuis parfois plusieurs années, j'ai sorti Mudwoman, acheté quelques temps après la lecture de Nous étions les Mulvaney. Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour lire ce livre (probablement d'ailleurs vu la période que nous vivons...), mais il est clair que j'ai l'impression d'être passée en partie à côté de ce roman...
Joyce Carol Oates met en scène une femme indépendante, à qui tout semble réussir. La quarantaine, Meredith est présidente d'une prestigieuse université. Diplômée de philosophie, elle a fait de brillantes études. Sa vie sentimentale est centrée sur son amant astronaute et marié, mais elle semble heureuse dans cet équilibre qui lui laisse le temps de s'investir professionnellement. Jusqu'au jour où l'histoire de Meredith ressurgit, où l'équilibre se révèle beaucoup plus fragile qu'il n'y paraît, où la corde sur laquelle Meredith marchait semble se rompre.
Au fil des chapitres, l'autrice monte une histoire trouble, dans laquelle le lecteur en vient à ne plus savoir ce qui est réel de ce qui est folie. Meredith flanche, mais le lecteur ne le comprend pas immédiatement. Il capte à partir d'indices que ce qui est relaté ne peut être vrai. A moins que ce ne soit ce qu'on lui a relaté jusqu'à présent ? C'est un roman qui vient explorer les troubles provoqués par la violence dans l'enfance, la résilience et la notion de deuil (ou de rejet du deuil...).
Je dois reconnaître à Joyce Carol Oates un réel talent pour raconter l'installation de cette folie, de cette déstabilisation profonde, ce mal-être insidieux, qui rend le reste anecdotique, qui vient modifier la perception du monde de Meredith. Mais justement parce qu'elle le raconte très bien, Mudwoman est un roman glaçant, difficile, que j'ai probablement tenu volontairement à distance pour qu'il ne me touche pas trop. Une expérience étrange : j'ai conscience d'avoir lu un bon bouquin, mais non, je ne l'ai pas aimé.
Texte © Miss Alfie 2021.
Couverture : Mudwoman, Joyce Carol Oates, traduit de l'anglais (USA) par Claude Seban, éditions Points, 2014, 576 pages.