J'ai vu un homme - Owen Sheers

Quelques mois après son arrivée dans le quartier, Michael Turner explore la maison vide de ses voisins en se remémorant ce qui l'a conduit à emménager dans cet appartement londonien et à se lier d'amitié avec eux. Tout a commencé avec la mort de sa femme, Caroline.

J'ai vu un homme fait partie de ces romans inclassables, ni totalement littérature "blanche", ni complètement thriller, il est à la frontière des genres. Car si le roman s'ouvre comme une banale histoire de veuvage d'un homme qui tente de se reconstruire, le personnage de Michael apparaît rapidement comme plus complexe qu'il n'y paraît. Et ce sera ainsi tout au long du roman : chaque homme et chaque femme mis en scène par Owen Sheers est complexe, tiraillé entre des émotions ambivalentes et secrètes.

En refermant ce roman, j'ai eu du mal à me faire une opinion tranchée. J'ai été gênée par ces personnages troubles, qui cachent leur jeu, dont même le lecteur peut avoir du mal à savoir s'ils sont dans une culpabilité pure ou dans un jeu de manipulation. Mais en ça, il faut reconnaître que l'auteur livre un roman très bien fichu !

L'autre élément qui m'a laissé dubitative, c'est l'arrivée, assez loin dans l'histoire, d'un autre personnage plutôt déconnecté des premiers : un militaire américain à l'origine du décès de Caroline. Si je vois finalement bien pourquoi il est là (tous les personnages ont une part de culpabilité dans ce qui arrive aux autres), j'ai regretté qu'il reste plutôt en périphérie de l'histoire, qu'il arrive si tard et ne soit pas plus confronté à Michael... Mais bon, ce n'est pas mon roman, je dois accepter que ce n'est pas ainsi que le voyait le romancier !

Au final, une découverte que je suis heureuse d'avoir faite, mais qui ne restera probablement pas dans mes romans de l'année.

Texte © Miss Alfie 2021.
Couverture : J'ai vu un homme, Owen Sheers, traduit de l'anglais par Mathilde Bach, éditions Rivages, collection Rivages poche, 201, 400 pages.