L'île des oubliés - Vistoria Hislop

Au début des années 2000, Alexis passe quelques jours de vacances en Crète avec son compagnon. Elle décide d'en profiter pour découvrir le berceau de sa mère, la petite ville de Plaka sur la côte est, face à l'île de Spinalonga.

La Crète... Une île au milieu de la Méditerrannée. Un gros cailloux escarpé battu par le vent, grillé par le soleil. Le coeur d'une civilisation millénaire... La Crète, j'y suis allée il y a neuf ans. Neuf années écoulées depuis, neuf années et tant de choses qui ont changé. Pourtant, là bas, les choses semblent immuables, les traditions ancestrales. Sans parler de cette Histoire que l'on découvre sur chaque pierre, chaque arbre, dans chaque village. Et à l'est de l'île, Spinalonga. Isolée de sa grande soeur par quelques miles nautiques, Spinalonga est aujourd'hui un repère de touristes où des bateaux aux circuits bien rodés viennent déverser des hordes de vacanciers en tongs et en short dans ce mythique lieu d'où l'on pense encore voir surgir quelques êtres difformes...

Spinalonga. Cette île à quelques encablures de Plaka et Elounda, devenues depuis de chics stations balnéaires, fut, jusqu'en 1957, la dernière léproserie en Europe. Alors que les malades atteints de la lèpre étaient relégués à l'état de mendiants, la colonie installée depuis le début du siècle sur l'île leur offrait un cadre de vie certes restreint géographiquement, mais marqué par la solidarité et l'espoir. C'est de cette île que Victoria Hislop retrace en partie l'histoire dans L'île des oubliés, une île qui échappa à l'occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, une île entourée du fantasme de la contagion qui la préserva en bien des occasions...

Que ce soit de la Crète ou de Spinalonga, je pourrai passer des heures à vous en parler, tant ce voyage fut magnifique à de nombreux niveaux, malgré les difficultés personnelles que je traversais alors. Il faut croire, comme le disais Aznavour, que la tristesse est plus agréable à supporter sous le soleil et face à la mer turquoise. Dans tous les cas, Victoria Hislop réussit à traduire ce côté magique, cette ambiance faite de chaleur humaine tout autant que céleste, le poids de l'histoire et des traditions qui apporte un cadre et un environnement apaisant.

Si je vous parle de moi dans cette chronique, c'est qu'il me semble que sans vous dire pourquoi j'avais tant aimé ce voyage, sans vous dire à quel point j'en garde un bon souvenir, vous ne saisirez peut-être pas à quel point j'ai aimé cette lecture. Car si l'on regarde d'un oeil neutre ce livre, on pourrait lui reprocher de n'être qu'une saga familiale de plus, avec ses haines et ses amours parfois contrariés, avec ses duperie et ses beaux gestes. Sauf que L'île des oubliés prend vraiment toute son envergure grâce à Spinalonga. Victoria Hislop introduit dans l'histoire de ses personnages celle de la lèpre et de la découverte de son traitement. On pourrait regretter de ne pas avoir plus de précisions sur ces sujets, mais l'auteur semble avoir surtout pris le parti de décrire la vie sur l'île, dans ce que les Crétois voyaient comme une prison battue par les flots et le vent, et qui s'avère, de l'intérieur, une colonie vivante et largement plus dynamique que les petits villages traditionnels qui lui font face.

Très belle fresque historique et familiale, L'île des oubliés met en lumière la vie d'une région de Crète mal connue et qui fut pourtant essentielle dans la guérison des malades de la lèpre. Et pour vous inciter à vous plonger dans ce roman, je vous offre en bonus quelques visions de cette île et des maisons, aujourd'hui en partie en ruine, qui accueillirent les lépreux.

Ce qu'on en dit ailleurs :

• La cause littéraire : "On reste sur une impression très contrastée. Comme si le récit délaissait certaines parties pour se consacrer à d’autres, totalement inutiles."
• Cynthia et ses contes défaits : "J'ignore ce qu'il en est pour vous mais pour ma part, je lis toujours un roman avec plus d'intérêt lorsque je sais qu'il prend place dans un contexte historique avéré."
• Conduite en état livresque : "Concrètement, la romancière s'éloigne du convenu en montrant que quelque chose de très rude peut avoir des conséquences bénéfiques."

Texte et montage photo © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : L'île des oubliés, Victoria Hislop, traduit de l'anglais par Alice Delarbre, Éditions Livre de poche, 2013, 528 pages.

Comments

[Chantal]

Une lecture qui vous transporte jusqu'à la dernière page.

[Valérie:)]

Un beau souvenir littéraire. Très chouette billet !

[Alex mot a mots]

Un beau souvenir de vacances, on dirait.

[Bianca]

Déjà noté et j'ai hâte de le lire, surtout après ton billet !

[SD49]

Un très beau souvenir de lecture pour moi