Silas Corey, le Testament Zarkoff - Nury, Alary

En novembre 1918, alors que la France fête la victoire sur l'Allemagne, Silas Corey se voit chargé d'une nouvelle mission par un avocat suisse. Ce dernier travaille pour une ancienne connaissance de Corey, la mère Zarkoff, qui n'en a manifestement plus pour long à vivre. Charge pour Silas Corey de mettre la main sur le fils de Zarkoff afin que son empire industriel ne soit pas démantelé.

Silas Corey est arrivé dans l'univers de la BD en 2013. Dans son premier diptyque, il enquêtait pendant la première guerre mondiale sur un réseau d'activistes français et allemands chargés de promouvoir un armistice trop favorable aux Allemands. Parmi les personnages que l'on croisait, Zarkoff, une vieille fille à la tête d'un empire industriel de fabrication d'armes. Autant dire que la guerre, ça lui plaisait plutôt. Comme le titre de ce deuxième cycle l'annonce, elle est au centre de l'intrigue. Ou plutôt, sa descendance. Aussi improbable que cela puisse paraître, elle a eu pendant sa jeunesse un fils avec un Allemand. Et plutôt que de voir son empire divisé entre les différents leaders du groupe, elle aimerait qu'il soit légué à cet homme qu'il faut désormais retrouver. 

Sans trop de surprise, le scénario signé Fabien Nury est excellent. Située dans l'Allemagne d'après-guerre, vaincue et humiliée, l'histoire, sombre, mêle intrigue d'espionnage et contexte historique avec dextérité. En effet, derrière cet histoire d'espionnage et d'argent se cache la montée de l'extrémisme nationaliste en Allemagne sur fond de République de Weimar instable. Le scénario est donc plus sombre, plus tendu et toujours sur le fil du rasoir.

On retrouve avec plaisir les dessins de Pierre Alary dont les personnages gardent la même tension dans les traits. Le découpage des planches me semble un peu plus évolué que le premier cycle avec des formes de planches plus complexes et plus adaptés à l'action. Bref, si le premier cycle avait remporté en 2013 le titre très prestigieux de "BD de l'année" à l'unanimité de moi-même, ce deuxième cycle n'en demeure pas moins bon, plus sombre, plus tendu. Encore une franche réussite qui augure, j'espère d'un nouveau cycle dans les années à venir. 

Texte © Alfie's mec, 2016.
Couverture : Silas Corey, le Testament Zarkoff, Fabien Nury, Pierre Alary, Éditions Glénat, 2016.