Les morues - Titiou Lecoq
Lorsque Charlotte se suicide, Ema, son amie d'enfance, a du mal à y croire. Pourquoi Charlotte, qui avait brillamment réussi professionnellement, s'apprêtait à se marier et venait d'acheter un appartement avec son fiancé aurait-elle commis un tel acte ? Pour Ema, le mystère se trouve derrière le dossier De Vinci dont Charlotte s'occupait avant son décès...
Lors du salon des Mots Doubs, le stand des "Gourmands lisent" sur lequel j'ai participé accueillait, entre autre, Titiou Lecoq, jeune femme brune, élancée et dynamique, qui réussit l'exploit de vendre tous les exemplaires de ses Morues en moins d'une journée. Il faut dire que l'obtention du prix du premier roman du Doubs y a sans doute été pour quelque chose... Mais si l'obtention de certains prix peut paraître parfois surfait, j'avoue que Les Morues mérite d'être récompensé car derrière une couverture féminine et futile se cache en fait un roman bien plus pointu et recherché qu'il n'y paraît...
Sous des aspects futiles et "déjà vus" (la bande de copines qui refait le monde et parle sexe n'est pas sans en rappeler une autre...), Titiou Lecoq réussit à nous offrir un roman original et intrigant, ni roman, ni polar, ni étude sociologique, ni essai sur l'évolution socio-politico-économique de notre monde, mais plutôt un peu de tout cela... Sur fond de RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques, j'ai conscience que ça ne parlera sans doute pas à grand monde, mais croyez-moi, quand on est fonctionnaire, on en mange à toutes les sauces...), Ema va s'engouffrer dans une enquête qui lui fera toucher du doigt des sphères bien sombres tout en conservant une légèreté propre à sa génération...
Car j'ai quand même l'impression que Les Morues est aussi le roman d'une génération, de ma génération, de ces trentenaires qui boivent du Nesquik en regardant des pornos, qui mangent des tartines de Nutella tout en buvant de la vodka, qui se proclament indépendants mais adorent qu'on s'occupe d'eux... Bref, le roman d'une génération qui aurait grandi trop vite et qui découvre la difficulté de s'affirmer, d'être soi-même, dans un univers marqué par la consommation, qu'elle soit de drogues, d'objets, de sexe, de travail et même d'idées... Une société dans laquelle trouver ses marques devient de plus en plus compliqué tant tout va si vite.
Ponctué par de courtes play-lists, chaque chapitre des Morues nous permet de mieux comprendre qui sont ces jeunes adultes, plus vraiment ados, pas encore totalement matures et aborde sous un aspect futile des thématiques loin d'être si légères que cela... Une très chouette découverte de cette rentrée littéraire qui mérite que l'on dépasse l'aspect "chick-litt" qui peut prévaloir au regard de la couverture !
Texte © Miss Alfie 2011.
Édition lue : Les Morues, Titiou Lecoq, éditions Au diable Vauvert, 2011, 472 pages.