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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
11 mai 2011

Tant que tu es heureuse - Alma Brami

Tant_que_tu_es_heureuse Cela fait six années qu'Eva voit Franck. Quand il peut, quand il veut. Franck est marié, il a deux enfants scolarisés dans l'école où Eva enseigne. Et puis un jour, Franck ne vient pas au rendez-vous. Il ne dit rien et Eva attend. Elle attend avec cette petite vie qui commence à poindre en elle. Elle attend jusqu'au jour où il devient clair que Franck ne reviendra pas, qu'elle n'aura pas ce bébé.

J'avais découvert Alma Brami à l'automne dernier, à l'occasion du salon du livre de Besançon où j'avais déniché son premier roman, Sans elle. Par la même occasion, j'avais acheté le dernier sorti, sautant par dessus le deuxième. Après plusieurs mois à le regarder en coin, j'ai finalement décidé d'ouvrir Tant que tu es heureuse.

Dans ce roman encore, Alma Brami s'attaque à un sujet douloureux et creuse la question du deuil. Si dans son premier roman, elle questionnait sur le deuil d'un enfant, elle nous entraîne là dans un double deuil : le deuil de la relation avec un homme à qui Eva s'est peu à peu attaché mais qui ne quittera finalement pas sa femme et le confort qui va avec, et le deuil de cet enfant qui ne s'est pas accroché en elle, comme sentant la complexité de la relation de ses géniteurs. Au fil de courts chapitres ponctués de phrases courtes, comme pour mieux exprimer la violence et la douleur d'Eva, elle décrit une femme qui n'entend pas les autres, qui reste dans sa douleur. Elle décrit des parents, des amis, un frère impuissant, qui ne peuvent briser la coquille créée par Eva pour se protéger, pour rester avec sa peine.

Tant que tu es heureuse est un livre à éviter impérativement si l'on se trouve en plein chagrin d'amour ou en pleine rupture, car on ne pourra forcément qu'acquiescer à toutes les pensées d'Eva, et on ne pourra que pleurer un peu plus sur cette fin de chapitre. Par contre, lorsque l'on est heureux, il rappelle à quel point ça peut faire mal, à quel point on a pu avoir mal par le passé, mais que finalement, ces maladies d'amour ne sont pas mortelles puisqu'on s'en est déjà relevé.

Une petite immersion au coeur des pages ?

"Elle avait compris que les choses devenaient différentes quand elle s'était aperçue que, seule, elle se sentait moins bien qu'avec lui, moins jolie, moins brillante. Il lui fallait son regard pour se sentir vivante. Il partait avec son espace de vie à elle, la laissait vide de lui, vide de toute cette part d'âme qu'elle lui offrait. Il repartait rempli, ragaillardi, l'abandonnant craquelée, bogue de châtaigne fissurée." (p. 63)
"Eva se collait à la paroi tout au fond d'elle, se faisait petite petite, bloquait sa respiration. Se protéger de ceux qui ne croient plus, ou qui croient trop, les moralisateurs, les donneurs de leçons, ceux qui ont tout compris et qui ne comprennent rien. Ceux qui exacerbent sa solitude, son manque. Il étaient malgré eux le reflet tour à toue de ce que Franck avait de plus qu'eux." (p. 83)
"Ils ne pouvaient pas crier leur joie, alors ils compatissaient, la plaignaient, faisaient au mieux avec ce qu'ils étaient. Ils taisaient leurs mots indélicats, mais Eva n'entendait que ça. Ils ne se réjouissaient pas des circonstances mais trouvaient que c'était une bonne chose que tout s'arrête, qu'un enfant ne naisse pas d'un chagrin d'amour. Le placenta devait être chargé de reproches, de solitude. On disait bien que tout passait par la mère, tout même ce qu'elle cache. Ils souhaitaient remercier vers là-haut, vers en bas, n'importe, d'avoir réfuté ce choix absurde qu'elle avait fait, donner naissance à un non-voulu." (p. 91)

A lire aussi :
Pimprenelle a beaucoup aimé : "J'ai aimé la manière dont ces personnages gravitent autour d'Eva, aucun ne pouvant réellement comprendre ce qu'elle ressent, mais tous ayant à coeur de lui venir en aide, de lui redonner goût à la vie, aussi maladroits soient-ils parfois."
Une lecture mitigée en revanche pour **Fleur** : "Néanmoins, la seule chose qui m’a manquée pour que ce livre me marque vraiment c’est un peu d’originalité car somme toute cette histoire est assez stéréotypée, en même temps c'est la vie, c'est comme ça..."

Texte © Miss Alfie 2011, sauf citations.
Edition lue : Tant que tu es heureuse, Alma Brami, éditions Mercure de France, collection Bleue, 2010, 236 pages.

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Commentaires
M
@ Alex-Mot-à-Mots : Je te laisse découvrir...!<br /> <br /> @ Isa : Je préfère prévenir, pas la peine qu'une lecture devienne trop douloureuse !
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I
je ne le lirai donc pas... :)
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A
Ouf, l'héroïne s'en relève, on dirait.
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M
@ Clara : C'est un autre genre que "Sans elle", elle s'attaque cette fois à la douleur des adultes.
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C
Je l'avais découverte avec "Sans elle" que j'avais aimé!<br /> Et je note ce titre !
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