Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
27 mai 2013

Laissez-moi - Marcelle Sauvageot

laissez moiAlors qu'elle est en pleine convalescence dans un sanatorium, Marcelle Sauvageot reçoit une lettre de son fiancé lui annonçant son mariage avec une autre. Dans cet écrit, elle livre ses émotions à la suite de cette nouvelle.

Voilà un petit ouvrage qui trainait depuis bien trop longtemps dans mes étagères à lire. Vous m'en avez dit beaucoup de bien, j'en avais lu de belles critiques sur quelques blogs, et je comprends tout à fait votre enthousiasme. Laissez-moi est un très bel écrit...

Rédigé en 1930 alors que Marcelle Sauvageot séjourne dans un sanatorium, ce qui marque en premier est l'intemporalité et l'universalité des émotions qu'elle met en mots. Le tout avec une liberté de ton et un cynisme qui n'est pas sans interpeller si l'on se souvient qu'à l'époque, les femmes étaient beaucoup plus bridées que nous le sommes aujourd'hui, et que s'opposer au patriarcat dominant en a conduit plus d'une dans des maisons de santé, réputées instables ou carrément folles car cherchant juste à vivre avec le même enthousiasme et la même liberté que les hommes.

Les passages à relever sont nombreux dans ce Commentaire, ainsi qu'il s'intitulait lors de sa première publication en 1934, quelques semaines à peine après le décès à Davos de la jeune femme. Elle parle de l'amour avec une force et une intensité impressionnantes, de l'amitié, sa soeur ennemi...

"Vous n'usez plus du mot amour : c'est amitié, vous me dites, mais ce nouveau mot recouvre les mêmes choses ; c'est bien de l'amour que vous demandez, mais de l'amour qui se satisfasse de sa seule existence, qui ne soit plus que bonté et renoncement." (p. 82)

Elle évoque aussi la maladie... Cette maladie alors incurable, la tuberculose, qui touchait tant de jeunes gens dans la force de l'âge. Cette maladie qu'elle sait mortelle, qu'elle évoque par touche, mais lorsqu'elle y fait référence, on sent qu'elle connaît son destin et celui de ses compagnons de convalescence... Elle parle de la toux, cet ennemi qui fait physiquement souffrir quand son coeur saigne de chagrin, et décrit chacune d'elle avec beaucoup de talent, au point qu'on les entendrait presque résonner dans le silence du salon où l'on s'est installé pour lire.

Rien de plus à vous dire sur ce court récit, si ce n'est qu'il serait fort dommage de passer à côté d'une telle puissance d'écriture. Marcelle Sauvageot laisse une seule trace dans la littérature, mais quelle empreinte...!

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Cynthia et ses contes défaits : "Digne, lucide sans être aigrie, Marcelle Sauvageot se met à nu pour aborder les souffrances intimes que lui inspire la rupture et le désamour progressif d'un homme qui se plaisait à pointer chacun de ses défauts pour se donner de nouveaux motifs de séparation."

Texte sauf citation © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Laissez-moi (Commentaire), Marcelle Sauvageot, préface d'Elsa Zylberstein, Éditions Phébus, Collection Libretto, 2012, 144 pages.

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Je le veux :)
Répondre
G
Je l'avais noté je ne sais plus chez qui et tu ravives du coup mon intérêt.
Répondre
A
Un récit écrit "sur le vif", on dirait.
Répondre
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité