Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
11 décembre 2007

Une vie française - Jean-Paul Dubois

Une_vie_fran_aiseJe suis de la génération Mitterrand. Je n'en étais pas bien sûre, mais maintenant c'est attesté. De Gaulle, Poher, Pompidou et VGE, pour moi, ce sont dans les manuels d'histoire qu'ils existent. Par contre, Mitterrand, c'est différent. Bon, il avait déjà deux ans de pouvoir quand j'ai brandi mon poing, mais la chute du mur de Berlin, la première guerre du Golfe, et tout ce qui est venu après, je m'en souviens. Je ne parle pas de la fin de Mitterrand ni même de l'apogée de Chirac par un vote biaisé de peur... Bref, tout ça, ça me parle, je m'en souviens, je l'ai vécu, de près ou de loin.

C'est peut-être pour ça que j'ai eu du mal à accrocher sur Une vie française, de Jean-Paul Dubois. Un Prix Fémina, quand même, me disais-je, c'est à lire ! Surtout un Dubois ! Enfin, c'est pas que j'en ai lu d'autres, mais Vous plaisantez Monsieur Tanner était déjà emprunté quand j'ai été à la médiathèque l'autre fois... Du coup j'ai rencontré Paul Blick et sa famille. Son frère absent, ses parents éteints, son épouse ambitieuse, ses enfants distants.

Et puis j'ai quand même voulu continuer, même si je trouvais certains passages tellement criant de vérité que j'avais un peu de mal... Mais j'avais envie de découvrir "un pays aujourd'hui bien plus englouti que l'Atlantide, un pays avec des sommiers de laine, des Mobylettes jaunes, de l'huile d'olive vendue au détail, des bouteilles consignées, un pays où il n'y avait rien de louche ni de scandaleux à payer une voiture avec de l'argent liquique, lequel ne provenait pas de revenus illicites ou de bénéfices dissimulés au fisc, mais de longues années d'économies."

Paul Blick, en fait, c'était mon père et ma mère rassemblés, tout ce qu'ils ne m'ont pas raconté de leur époque, de leur jeunesse, de leur enfance, de l'évolution de la société qu'ils ont vécu. Parce que Paul Blick est, dans le roman, né la même année qu'eux mais n'a pas eu le même parcours, n'a pas fréquenté des écoles privées, a participé à Mai 68, s'est engagé politiquement, a élevé ses enfants pendant que sa femme travaillait et a publié des livres de photos d'arbres.

Oui, Paul Blick c'est un peu mes parents réunis avec leurs angoisses et leurs trouilles, avec leurs espoirs et leurs bonheurs, avec une vie si banale, si normale, si pleine de mauvais moments qu'elle en devient tellement réelle qu'on voudrait refermer le livre... Ou plutôt ouvrir un autre livre... Un livre pas si réel, pas si vrai, un livre qui fait voyager l'esprit, un livre qui fait oublier les emmerdes du quotidien, un livre qui fait oublier que l'on peut désormais compléter le chapitre intitulé "Chirac (II) (5 mai 2002 - ?)" parce qu'on commence à connaître la suite...

Je ne suis pas et n'ai jamais été et ne serai certainement jamais jury au Prix Fémina.
Je ne sais pas quels étaient les autres romans en compétition en 2004.
Mais finalement, il l'a peut-être mérité, son prix. Parce que c'est criant de réalisme. C'est bien écrit, avec de belles tournures et des mots intelligents. Et aussi parce que la fin fait penser à ces films après lesquels on reste quelques instants assis dans son siège en se demandant le sens de cette fin, en imaginant plusieurs options, pour finalement choisir celle qui nous plait le plus...

Texte © Miss Alfie 2007, sauf citation de Jean-Paul Dubois, in : Une Vie française, Editions de l'Olivier, 2004, pages 39 et 325.
Edition lue : Une Vie française, Jean-Paul Dubois, éditions de l'Olivier, 2004, 356 pages.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité