L'évasion - Dominique Manotti

Années 1980. Un jeune Italien se réfugie en France. Il a profité de l'évasion de son compagnon de cellule en prison pour prendre la poudre d'escampette. Mais le dit compagnon n'était pas n'importe qui et quand il décide de faire de son histoire un roman, voilà les Brigades rouges mises sur le devant de la scène.

Je vais vous faire une confession : cela fait de longues semaines que je n'arrive pas à écrire cette chronique. Il faut dire que Manotti, vous en avez récemment vu passer quelques uns, et vous savez que j'apprécie le style de cette auteur. Mais L'évasion est un peu à part à mon goût. 

Avec ce roman, Manotti comme à son habitude s'intéresse à une histoire rattachée à une question politique de fond (ici l'exil accordé en France aux membres des Brigades rouges dans les années 80), mais elle se penche de fait sur l'Histoire de l'Italie et non plus de la France comme dans les précédents ouvrages que j'ai pu lire d'elle. Or, Manotti fait du synthétique, du bref, du concis, du direct. Sauf que si j'arrive à capter ses références en matière d'Histoire française, j'ai eu un peu plus de mal en terme d'Histoire, et surtout d'Histoire politique, italienne !

A côté de ça, il y a l'intrigue en elle-même. Manotti s'intéresse à Filippo Zuliani, un petit malfrat qui se retrouve en cellule avec l'un des cadors des Brigades rouges. Les homems vont discuter, échanger, et s'évader ensemble. De leur cohabitation, Zuliani décide de faire un roman, mais rapidement on ne sait plus bien ce qui relève de la réalité et de la fiction. Sur ce point, soulignons le talent de Manotti qui joue de son lecteur comme Zuliani dans son roman : on ne sait plus bien ce qui relève de la fiction initiale ou de la mise en abîme. En revanche, le jeu de la mise en abîme et du personnage écrivain est un jeu dangereux, surtout quand l'auteur décide de proposer à ses lecteurs des extraits du roman de cet écrivain de papier. Or, si Manotti fait parfaitement bien du Manotti, elle n'est pas Zuliani, et j'ai trouvé complètement improbable qu'un gamin qui n'a jamais lu réussisse à pondre un bouquin avec la qualité que Manotti nous donne à lire...

Du coup, l'ensemble m'a laissé un goût de déception, d'inachevé, ou plutôt d'achevé trop vite. Comme si Manotti avait voulu rapidement boucler ce roman et qu'elle n'avait pas pris le temps de s'attacher à ces petits détails qui font (ou non) la crédibilité d'un roman... 

Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : L'évasion, Dominique Manotti, Editions Gallimard, collection Série noire, 2013, 224 pages.

Comments

[Sybille]

Dommage, je ne retiens pas alors !