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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
2 mai 2014

Il faut beaucoup aimer les hommes - Marie Darrieussecq

darrieusecqSolange rencontre Kouhouesso lors d'une soirée à Los Angeles. D'origine africaine, Kouhouesso rêve de réaliser un film sur l'Afrique, tandis que Solange ne rêve que des moments passés en sa compagnie.

Il faut beaucoup aimer les hommes est le onzième et avant-dernier livre de la sélection du Prix Océans que je découvre. Il nous entraîne à la suite d'un homme et d'une femme, lui noir et elle blanche, dans l'univers d'Hollywood.

Solange est actrice, assez réputée semble-t-il. Elle tourne avec de grands noms du cinéma international mais son histoire avec Kouhouesso vient la parasiter. A travers elle, Marie Darrieussecq met en scène une sensation rencontrée par beaucoup de femmes, mais sûrement d'hommes également, l'attente impossible entre deux appels, entre deux messages, deux rendez-vous.

"L'attente recommençait, l'attente comme une maladie chronique. Une fièvre engluante, une torpeur. Entre deux rencontres, deux réinfections, elle s'imprégnait lentement de ce paradoxe : elle attendait un homme qu'elle perdait de vue, un homme comme inventé. L'attente était la réalité ; son attente à elle la preuve de sa vie à lui, comme si le corps de cet homme, quand elle le tenait dans ses bras, était de la texture du temps, et fatalement fugitif." (p. 89)

Face à elle, Kouhouesso semble absent, tout à son projet de film. Il évolue dans un monde auquel lui seul accède, obsédé par son projet, indifférent à l'amour que cette femme semble lui porter. Fortement basé sur l'origine africaine de cet homme, le roman laisse supposer que beaucoup des incompréhensions de ce pseudo couple trouvent leur origine dans une différence fondamentale de culture....

"L'Afrique est une fiction d'ethnologue. Il y a des Afriques. Idem pour la couleur noire : une invention. Les Africains ne sont pas noirs, ils sont bantous et bakas, nilotes et mandingues, khoïkhoïs et swahilis." (p. 93)

Ce postulat, je l'avoue, m'a un peu dérangé, car j'ai plus eu l'impression que l'incompréhension entre les deux êtres venait de l'obsession de Kouhouesso, et pas de son origine en elle-même. Certes, ce qui parasite son esprit est le projet d'un film au Congo, donc en Afrique, avec une résonance particulière en lui, mais l'histoire aurait pu être transposée en France avec un homme écrivain un roman sur sa famille, ou avec une femme montant son entreprise de vente en ligne ! Le résultat aurait été le même : deux êtres qui ne sont pas sur la même longueur d'ondes au même moment, une femme qui attend inlassablement un homme qui semble ne la voir que quand il a besoin.

Un autre point m'a dérangé dans ce roman, c'est justement ce côté caricatural de l'homme absent, centré sur son besoin, sur ses envies, et la femme dans l'expectative. Une femme doit-elle uniquement être attentiste dans une relation ? Ne peut-elle taper du point sur la table à un moment ? Doit-elle accepter d'être traitée ainsi ? Un homme ne peut-être être lui dans la posture de Solange ? Soumis aux envies d'une femme absente d'une réelle relation ?

Avec ce roman, Marie Darrieussescq semble avoir voulu aborder trop de thématiques, sans concrétiser l'essai. Le seul intérêt du roman est peut-être le tournage du film en Afrique et la chute finale... Et encore... Avec son écriture cisaillée, faite de répétitions, Marie Darrieussecq n'aura pas réussi à me convaincre...

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Des galipettes entre les lignes : "Et Darrieussecq, avec une classe incroyable et un talent certain, écrit un nouvel Out of Africa : il faut fuir cette terre trop chaude qui ne laisse aucune chance au sentiment amoureux."

Un roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Océans 2014 !

2014

Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : Il faut beaucoup aimer les hommes, Marie Darrieussecq, Éditions P.O.L, 2013, 320 pages.

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Commentaires
L
Totale adhésion, pour ma part. Un grand coup de coeur ! :)
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J
Les personnages n'ont pas su me convaincre non plus. Peut-être pas pour les mêmes raisons que toi mais nous avons ressenti la même gêne sur ces deux personnages et leur relation.
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A
Il y a longtemps que je n'ai pas lu cette auteure. Mais pas avec ce titre.
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F
Loin de m'avoir convaincue, ce roman m'a agacée. Je n'ai pas compris cette obsession sur la couleur de Kouhouesso. Je trouve que ce que tu dis sur l'absence de Kouhouesso est très juste.
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L
Tiraillée entre la critique de Lili et la tienne ... je pense que je lirai ce roman s'il rencontre ma route !
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