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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
29 mai 2017

La Recluse de Wildfell Hall - Anne Brontë

La recluse de Wildfell HallQui est donc cette jeune femme qui vient d'emménager à Wildfell Hall ? Elle serait veuve et ne vivrait qu'avec son fils et une domestique... Les questions vont bon train chez les Markham et leurs voisins... Discrète, la jeune veuve finit peu à peu par accepter l'amitié de Gilbert Markham. Mais les rumeurs vont bon train, et sa relation avec le propriétaire des lieux, Mr. Lawrence, ne fait que les alimenter.

Il est de bon ton de considérer Jane Eyre et Les hauts de Hurle-vent comme les deux chefs d'oeuvre de la fratrie Brontë. Si on se souvient tous des prénoms des deux soeurs auteurs des titres évoqués (Charlotte et Emily pour les étourdis), on oublie souvent celui de la troisième, Anne, auteure de Agnes Grey et, donc, de La recluse de Wilfell Hall.

Tandis que je lisais ce roman, j'ai réécouté une émission de France Culture présentant les quatre enfants Brontë. L'invité évoquait ce titre en relevant comme principal défaut sa forme narrative. Sur ce point, je le rejoins. Anne Brontë mêle la correspondance de Gilbert Graham et le journal intime de Mrs Graham. Si ce genre de procédé n'est pas nouveau, il m'a semblé hésitant, peu maîtrisé, autant de faiblesses qui donne une sensation d'inabouti au final sur la forme.

En revanche, sur le fond, ce roman est considéré comme l'un des premiers romans féministes, et là encore, je suis d'accord ! Anne Brontë met en scène une femme contrainte par son éducation, par sa religion, par son époque ; une femme cantonnée à une place de soumission et d'allégeance complète à son époux.

"Il n'est pas non plus un mauvais mari ; mais ses notions de devoir et de bonheur conjugal sont opposées aux miennes. Si l'on en juge par l'apparence, son idée est que la femme est faite pour aimer l'homme avec dévotion et pour rester à la maison. Elle doit attendre son mari, l'amuser, pourvoir à son confort de toutes les façons possibles, tant qu'il lui plaît de rester avec elle. Quand il est absent, elle doit veiller à ses intérêts domestiques et autres, et patienter jusqu'à son retour. Peu importe ce qu'il fait pendant ce temps." (p. 279)

Or, on se rend peu à peu compte que ce cadre ne lui convient pas, qu'elle imagine une vision du couple beaucoup plus respectueuse et égalitaire. Peu à peu, la jeune femme discrète et dévote devient une femme qui veut briser les liens auxquels la société l'enchaîne, mais tout en douceur, tout en se préservant, car elle a une conscience aiguë de l'opprobe qui pourrait retomber sur elle. Ce poids des convenances s'exprime notamment par de nombreuses références et citations de la bible, qui ne sont d'ailleurs pas sans rappeler que le Mr. Brontë père était lui-même pasteur.

Roman d'amour et d'émancipation, La recluse de Wilfell Hall fait le portrait d'une société dans laquelle la place des femmes nous fait aujourd'hui frémir, mais un portrait terriblement moderne et audacieux pour son époque de publication.

Challenge classique
Une lecture qui s'inscrit dans le cadre du du challenge "Un classique par mois" de Pr. Platypus.

Texte © Miss Alfie 2017.
Couverture : La Recluse de Wildfell Hall, Anne Brontë, traduit de l'anglais par Georges Charbonnier et André Frédérique, éditions Libretto, 2016, 560 pages.

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Commentaires
L
Pas lu celui-ci (mais qu'est-ce que je fous, moi ?)
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H
Je l'ai noté depuis X time !!
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L
Je l'ai lu il n'y a pas si longtemps et je l'avais beaucoup aimé malgré le gros défaut que tu soulignes et qui, même s'il est vrai, ne m'avait pas tellement gênée. J'aime beaucoup en général les oeuvres des soeurs Brontë et je trouve à la fois une vraie similitude dans leur façon d'écrire la vie des femmes à cette époque, leurs conditions décrites du même point de vue (petite bourgeoisie sans grand moyen), mais en même temps elles ont chacune leur spécificité. C'est fascinant à ressentir tout en ayant sous la main des romans passionnants.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai bien envie de sortir "Le professeur" de Charlotte B. de ma PAL moi maintenant !
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N
Il y a une édition qui traîne où il manque carrément le début je crois (donc évidemment...). Sinon c'est un roman que j'aime assez car il donne une vision du mariage et des hommes très acide et lucide. J'apprécie aussi le calme qui se dégage des romans d'Anne Brontë. Quand on les lit en situation de stress, c'est très appréciable.
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L
Beaucoup de réserves envers ce roman, pour ma part. Et ça tient hélas à une mauvaise traduction.
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