Mon Ántonia - Willa Cather
Venant de perdre ses parents, le jeune Jim est envoyé vivre chez les parents de son père dans le Nebraska. A son arrivée, il découvre les grandes plaines qui entourent la ferme familiale, et se lie d'amitié avec Ántonia, l'une des filles de leurs plus proches voisins récemment arrivés de Bohême.
Lorsque le libraire m'a mis ce titre entre les mains, j'avoue que j'étais sceptique. Mais comme j'ai la découverte, j'ai dit "ok, tentons". Et comme j'ai bien fait de suivre ce conseil ! Ce roman est un bijou, un régal, une pépite littéraire !
Pourtant, on ne peut pas dire que le suspense soit au rendez-vous. Mon Ántonia est un roman très contemplatif par moment, notamment quand Jim, qui est le narrateur de cette histoire, décrit les paysages au fil des saisons, ces herbes rouges et ces immenses plaines que je voyais ondoyer sous les yeux au fil des pages... Quant à l'intrigue, il suffit de dire que c'est le destin en parallèle de ces deux enfants, Jim et Ántonia, et tout est quasiment dit ! Willa Cather n'intègre pas moults rebondissements à son histoire, elle conte simplement une histoire d'amitié profonde, quasiment une histoire d'amour, et se fait le témoin d'une époque.
Avant toute chose, Mon Ántonia est le reflet d'un mode de vie qui n'était déjà plus lorsqu'elle publia ce roman en 1918. Elle raconte la vie des pionniers dans l'ouest américain, partagés entre les Américains "de souche", arrivés sur le continent depuis plusieurs dizaines d'années, voire même plusieurs générations, et les nouveaux immigrés. Si les premiers détiennent l'argent et le pouvoir, les enfants des seconds sont travailleurs et auront tôt fait de se hisser dans la société. Willa Cather brosse également des portraits de femmes fortes, des femmes qui font tourner les fermes, les hôtels, les maisons, des femmes qui travaillent comme les hommes, qui décident et dirigent, des femmes qui osent sous le regard de Jim.
Publié en 1918, traduit pour la première fois en français en 1967, Mon Ántonia est mon coup de coeur du moment. Ce bouquin m'a embarquée à un point difficilement descriptible. Je suis tombée en amour des paysages décrits (et pourtant, les descriptions de paysages contemplatives, ce n'est pas trop trop ma came à la base !!!), tombée en amour de cette amitié, de ces personnages. Bref, j'ai adoré ce bouquin. Je ne peux que vous le recommander et en profiter pour saluer le travail de Robert Ruard, le traducteur de cette nouvelle version : chaque mot est à sa place et ne pourrait être mieux choisi. A lire de toute urgence !!!
"J'étais complètement heureux. C'est peut-être comme cela que nous nous sentons quand nous mourrons. Nous devenons alors une partie d'un immense tout, que ce soit le soleil et l'air ou le bien et la connaissance. De toute façon, c'est le bonheur ; se dissoudre dans la totalité et l'immensité. Quand ça nous arrive, cela vient aussi naturellement que le sommeil." (p. 28)
"Le pays tout neuf s'ouvrait devant moi : il n'y avait pas de clôtures en ce temps-là, et je pouvais toujours choisir mon chemin dans les hautes herbes, sûr que j'étais que mon cheval saurait toujours me ramener à la maison." (p. 37)
Une lecture qui s'inscrit dans le cadre du challenge "Un classique par mois" de Pr. Platypus.
Texte © Miss Alfie 2017.
Couverture : Mon Ántonia, Willa Cather, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Ruard, éditions Payot et Rivages, collection Rivages poche, 2014, 352 pages.