Fourrure - Adélaïde de Clermont-Tonnerre
Ondine apprend le décès de sa mère, Zita, sur la Une d'un journal. Fâchée avec elle depuis des années, ses obsèques sont l'occasion de faire la connaissance du dernier mari de Zita, Pierre. Dans l'appartement du couple, un dernier manuscrit de celle qui fut l'une des filles de Madame Claude, testament autobiographique.
Voilà un bouquin que j'ai acheté par pur hasard, un jour d'été, dans une échoppe de Bécherel, petite cité bretonne dédiée au livre ancien et d'occasion. La couverture m'a interpellé. La Quatrième m'a séduite. Le roman m'a emporté.
Dans ce premier roman, Adélaïde de Clermont-Tonnerre fait très très fort. Elle réussit en un seul roman à nous dresser le portrait d'une femme follement attachante et totalement antipathique qui brillat si haut que sa chute n'en fut que plus rude... On pourrait croire qu'il s'agit d'un simple roman familial, teinté de secrets de famille et de conflits inter-générationnels, mais Fourrure est bien plus que cela.
La construction du roman est déjà fort intéressante : à partir du moment où Ondine et Pierre découvre ce dernier manuscrit, les chapitres relatifs à l'autobiographie de Zita alternent avec l'histoire de ces deux personnages, ainsi qu'avec celle de la mère de Zita encore en vie et avec qui elle était également fâchée. Néanmoins, impossible de s'y perdre puisque les chapitres relatifs à Zita sont rédigés à la première personne quand les autres suivent les personnages par le biais d'un narrateur extérieur.
Rapidement, l'auteur donne le ton de son ouvrage : elle n'hésite pas à faire une chronique vivante et parfois critique des milieux bourgeois et intellectuels parisiens. J'ai d'ailleurs savouré l'une des premières scènes du roman dans laquelle Solange, amie d'enfance de Zita, arrive à la réception donnée par son éditeur à l'issue de ses funérailles. En même temps, il convient de souligner la consistance psychologique des personnages, notamment d'Ondine et de Zita. Si leur relation et leur conflit semblent au départ très manichéens, on découvre peu à peu des facettes de chacune d'elle complexifiant les personnages...
Enfin, on ne peut qu'applaudir devant la qualité des recherches historiques qui ont permis la rédaction de ce roman bourré de références et de personnalités... Zita croisera le chemin de Madame Claude, fameuse Mère Maquerelle de luxe parisienne, qui la conduira à un écrivain derrière les traits duquel les lecteurs connaisseurs retrouveront Romain Gary. L'Elysée lui ouvrira ses portes, mais elle résistera aux avances du successeur de Pompidou, jamais nommé mais que tout le monde aura reconnu. Et c'est toute une époque d'émancipation des moeurs qu'incarnera Zita, la fille de concierge qui rêvait de livres et de chaussures neuves...
Si je dois retenir quelques livres dans cette fin d'année, nul doute que Fourrure en fera partie. On y retrouve une époque, une complexité, un ton, des personnalités... Bref, tout ce qui fait que je peux adorer un livre et me laisser embarquer. Une découverte de pur hasard totalement charmante !
Ce qu'on en dit ailleurs :
- Contes de faits : "Les personnages sont bien marqués, le décor est (on ne peut plus) planté, le récit se veut accrocheur et servi par une écriture vive et étonnamment sensible."
- Bouquinbourg : "Ces personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70."
- Une chambre à moi : "Romanesque à souhait, regorgeant de rebondissements, ce livre fourmille de critiques acerbes et jouissives sur le monde traditionnel et superficiel des grandes familles."
Ces personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2010/03/18/17277321.html#sthash.O2y1NVc8.dpufCes personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2010/03/18/17277321.html#sthash.O2y1NVc8.dpuf"Ces personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2010/03/18/17277321.html#sthash.O2y1NVc8.dpufCes personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2010/03/18/17277321.html#sthash.O2y1NVc8.dpuf
Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : Fourrure, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Éditions Livre de poche, 2011, 537 pages.