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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
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22 février 2013

Le Quai de Ouistreham - Florence Aubenas

qdoPendant environ 6 mois, Florence Aubenas se glisse dans la peau d'une femme au chômage, sans diplôme et sans expérience à la recherche d'un travail dans la région de Caen. Un reportage pour témoigner des difficultés actuelles du monde du travail.

L'idée de base du reportage est intéressante. Vivre au plus près la précarité de certains travailleurs de notre époque. Se mettre dans la peau d'un tel travailleur. Pour la journaliste, l'expérience a duré six mois. Pour être totalement franc, j'ai un peu de peine à croire que l'immersion fut totale. J'imagine que sa situation personnelle est relativement confortable et que, quoiqu'il pût advenir au cours de cette expérience (et bim, un petit subjonctif !), Florence Aubenas aurait toujours de quoi voir venir. On a d'ailleurs peu l'occasion d'avoir des détails sur les conditions de vie, hormis une description succincte de l'appartement. Le reportage est surtout axé sur les conditions de travail dans les entreprises de nettoyage dans lesquelles échoue la journaliste et sur les relations avec l'agence Pôle Emploi.

Pas de grandes surprises dans les faits relatés. Pression des supérieurs pour une rentabilité accrue, ouvriers considérés comme des mouchoirs jetables ("il y aura toujours quelqu'un pour prendre votre poste"), accumulation de petits contrats pour tenter de subvenir à ses besoins, peu de CDI à temps plein, la difficulté des personnes d'un certain âge à trouver un emploi, bref, les caractéristiques du monde du travail ouvrier actuel. Pas de grandes suprises, certes mais c'est toujours difficile de le lire, de se dire que ça existe ici, en France, à côté de chez nous. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux deux nanas qui font le ménage dans ma boîte deux fois par semaine. La plume de Florence Aubenas est délicate, fluide et simple, comme de l'oral rapporté. Ca ne cherche pas à être de la littérature mais un simple récit d'expérience.

Autre aspect qui m'a interpellé. A certains moments, j'ai pensé que Florence Aubenas considérait ses collègues et fréquentations avec mépris et/ou condescendance. Evidemment, ces personnes n'ont pas de diplômes, une culture générale pas ultra développée et des références limitées. Ce n'est pas une raison suffisante pour agrémenter le récit de petites remarques sarcastiques. C'est toutefois ponctuel et ce n'est pas le fond du récit. Le Quai de Ouistreham décrit la vie des travailleurs précaires et des chômeurs et, à ce titre, se révèle un reportage qui laisse à réfléchir.

Texte © Alfie's mec 2013.
Couverture : Le Quai de Ouistreham, Florence Aubenas, Éditions Points, 2010

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Commentaires
C
J'avais déjà très envie de l'acheter mais après avoir lu ton article cela me parait juste indispensable :)
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B
C'est curieux, mais je n'ai pas du tout noté les "petites remarques sarcastiques" que tu évoques. J'avais trouvé la démarche de Florence Aubenas intéressante et menée avec intelligence et coeur.
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A
Ah toi aussi tu l'as trouvé un peu trop "journaliste parisienne". Ca m'a agacé d'où ma déception.
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G
Contrairement à Céline et Clara, j'ai trouvé ce bouquin vraiment intéressant. Parce que je ne fais pas partie de "ce monde" (sans pour autant être millionnaire, bien sur) et d u coup je ne me rendais peut-être pas vraiment compte de la précarité de l'emploi. Pour moi, en France, on avait de la chance d'avoir des filets de sécurité et des lois, pas comme en Allemagne par exemple. Et en lisant ce bouquin je me suis aperçue à quel point des gens passent entre les mailles de ces filets. Il y a certains moment où on ne les traite pas dignement et c'est plus profond et mesquin que ce que je pensais avant. J'ai trouvé qu'elle avait un bon travail, objectif, pour décrire ces milieux.
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S
Je suis assez d'accord avec ton analyse et celles des 2 commentaires. Être dans la précarité "réelle" et vivre avec l'angoisse au fond des tripes de ne pas avoir de quoi bouffer à la fin de la semaine me semble difficile à appréhender de l'extérieur. Le côté "vis ma vie" a des limites c'est sur ! C'est sans doute pour ça que le livre est finalement assez descriptif. Ce qui était le propos de la journaliste je pense.<br /> <br /> Mais pour autant, il me semble pas inutile justement pour questionner notre société et notre rapport à un certain milieu professionnel, dont les méthodes ne sont pas toujours si différentes de la France dites "moyenne" on va dire.Je serais donc moins négative sur ce livre.<br /> <br /> Moi, ce qui m' un peu agacée, c'est le sempiternel, ils sont pauvres, mais dans leur galère qu'est ce qu'il sont solidaires...
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