L'invention du Vide - Nicolas Debon
De tous temps, les hommes ont rêvé de gravir les plus hautes montagnes tel un défi au vide à la fois vain et magnifique. Les Alpes ont bien sûr été le théâtre régulier des assauts de ces homms au point d'être à l'origine du mot alpinisme. Durant les années 1880, ces conquêtes furent l'objet d'une formidable compétition symbolisées par les aiguilles de Chamonix.
Pourquoi s'intéresser à l'Invention du Vide ? Parce que les personnes qui réalisent des choses dont on n'est soi-même pas capable fascinent et passionnent. Surtout quand il s'agit d'escalader des montagnes à la fin du 19è siècle. Perso, j'ai pas spécialement le vertige, j'ai juste peur du vide. Donc quand il s'agissait de faire de l'escalade au lycée, je faisais pas spécialement le malin. Alors, du coup, quand j'entends Grandes Jorasses, Sir Edmund Hillary ou K2, je m'incline et je respecte.
Bien, là, dans cet ouvrage, par l'oeil d'Albert Frederick Mummery, l'auteur nous raconte l'histoire d'une cordée qui tente de gagner certains sommets autour de Chamonix à la fin du 19è siècle. Evidemment, on s'étonne du matériel désuet qui est utilisé ou des tenues inadéquates portées par ces explorateurs d'un autre temps. On se prend d'affection pour les deux personnages principaux, Mummery et Burgener, (le troisième, Venetz, étant plus discret, l'Histoire n'ayant même pas retenu une photo de lui) si différents et pourtant si complémentaires. L'histoire ne tient pas vraiment pour le suspense puisqu'on se doute évidemment que la cordée arrivera au sommet. On s'amuse de la relation entre les deux kikis, on sourit des petites péripéties qui mènent au (vrai) sommet et surtout, on s'enthousiasme de la qualité de ces alpinistes, eût égard à l'incompatibilité apparente entre l'époque de ces exploits et les technologies qui étaient disponibles.
Le dessin est quant à lui super chouette. De façon assez étonnante, on dirait que le dessin est adapté à l'époque, à cette fin du 19è siècle. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurais l'expliquer. Ne me demandez pas non plus la technique, je ne sais pas trop. Je pense qu'il y a un mix entre crayon et peinture, mais c'est très chouette. Les paysages sont bien foutus, la verticalité des montagnes bien rendue et l'opposition de style entre les deux coéquipiers bien faite, accentuée. Bref, Nicolas Debon, qui a le mérite de signer le scénario et le dessin, livre une jolie nouveauté vraiment très intéressante.
Edit du 22 septembre 2012 : J'ai rencontré Nicolas Debon sur le salon du livre des Mots Doubs de Besançon. Outre le fait que le garçon est sympathique, ouvert sur son travail et patient avec les visiteurs, je suis en mesure de vous apporter quelques précisions sur la technique de travail. Il s'agit en fait d'un mélange de plusieurs techniques, gouache et crayons de couleur en particulier.
Texte © Alfie's mec 2012.
Couvertures et planches (cliquer pour agrandir) : L'invention du vide, Nicolas Debon, Éditions Dargaud, juin 2012