Le coeur régulier - Olivier Adam
Après la mort de son frère, Sarah part au Japon. Dans une petite ville, au bord de la mer, elle va redécouvrir celui qu'elle pensait connaître... Et par la même occasion se redécouvrir elle-même.
Quand on a déjà lu Olivier Adam, se plonger à nouveau dans l'un de ses romans, c'est comme retrouver un ami que l'on n'a pas vu depuis longtemps. Tout semble naturel, rien n'a vraiment changé, il a un peu vieilli, mais reste le même... Les romans d'Olivier Adam ont ce petit côté immuable, classique presque, mais toujours si délicieux à déguster.
Bon, Olivier Adam, il faut clairement éviter de le lire lorsque le moral n'est pas au beau fixe, parce que si ces romans sont porteurs d'espoir, il faut quand même traverser de nombreux passages lourds et tristes avant d'arriver vers cette lueur... Mais en même temps, la tristesse qu'il nous conte est si belle et si littéraire qu'elle en devient un régal. Je trouve qu'il n'a pas son pareil pour nous décrire la perte, le vide, l'égarement dans lequel tout à chacun peu se trouver un jour ou l'autre lorsque le deuil, quel qu'il soit, frappe à la porte. Il le faisait déjà dans Je vais bien ne t'en fais pas, mais on retrouve ce talent dans Le coeur régulier... Si Olivier Adam sait si bien nous transcrire les sensations, les émotions, c'est qu'il joue aussi avec les mots, avec les phrases, avec la grammaire et la ponctuation, n'hésitant pas à en rajouter ou à en enlever pour insuffler à ses phrases un rythme particulier, tantôt haché, incohérent, tantôt en apnée, comme pour saisir le moment avant qu'il ne s'échappe...
Dans cet opus, il en profite pour nous raconter la vie de Sarah, une vie faite d'apparences, une vie avec un "si parfait mari" quand même sincère au début et franchement ironique à la fin, une vie avec des enfants pour parfaire le tableau, des enfants qu'on abandonne un peu tant sa propre douleur est forte, une vie dans laquelle on oublie de lever le voile des apparences pour voir ce que ressentent réellement les uns et les autres.
Avec Le Coeur régulier, Olivier Adam nous livre une fois de plus une belle histoire de filiation, de fraternité, une histoire de deuil et d'apprentissage de la vie sans l'autre, une histoire sur le pardon et l'acceptation... Bref, une belle histoire qui dormira dans nos coeurs en attendant le prochain opus de ce Breton d'adoption qui nous embarque toujours dans des univers marins et pluvieux comme j'aime !
Texte © Miss Alfie 2011.
Édition lue : Le coeur régulier, Olivier Adam, Éditions Points, 2011, 218 pages.