Les Heures souterraines - Delphine de Vigan

Mathilde travaille dans une grande entreprise. Depuis quelques mois, son chef l'a mise à l'écart. Thibault est médecin généraliste dans un service d'urgence à domicile sur Paris. Entre son travail et sa relation amoureuse, Thibault a du mal à s'y retrouver. Pour l'un comme pour l'autre, le quotidien est une bataille de tous les instants.

Il y a quelques mois, j'avais acheté ce court roman après avoir lu des avis intéressants sur la toile, comprenant que Delphine de Vigan y abordait des thèmes rencontrés régulièrement dans mon quotidien professionnel. J'avais alors envie de voir de quelle manière une écrivain pouvait réussir à parler de burn-out, d'harcèlement moral, et plus globalement des risques psycho-sociaux, un thème sur lequel j'avoue maîtriser désormais pas mal d'éléments du fait de mon boulot !

Les Heures souterraines se déroule sur une journée. Le lecteur suit en parallèle les destins de Mathilde et de Thibault qui vont, l'un comme l'autre, prendre un tournant au cours de ce lundi comme les autres, mais également très différents des autres. Pour que le lecteur comprenne comment Mathilde et Thibault sont arrivés là où ils sont, Delphine de Vigan ne va pas hésiter à repartir régulièrement dans leur passé pour nous amener à capter les mécanismes en jeu. Et en même temps, elle va s'attacher à nous décrire leur quotidien avec toutes ces petites choses auxquelles les personnages vont tenter de se raccrocher... Car Mathilde et Thibault sont deux êtres en totale souffrance, perdus dans une société qui ne les voit pas, qui n'écoute pas leur détresse et leur mal-être.

Si Delphine de Vigan réussit à démontrer comment l'un et l'autre se sont engouffrés dans des spirales infernales, le harcèlement pour Mathilde, et ce que j'associerais à du burn-out pour Thibault, elle nous livre cependant un roman qui reste simple et qu'on aurait pu imaginer plus poussé. Bien évidemment, l'objectif de ce roman n'est pas d'analyser les mécanismes à l'oeuvre lorsqu'un chef ou un collègue entre dans une attitude de harcèlement moral, ou comment on en vient à une situation de burn-out. Il apparait comme une porte d'entrée peu exagérée malgré tout, malgré ce que pourraient penser quelques esprits qui ne se sont jamais trouvés confrontés à ce problème...

Mais quand on bosse dans l'univers du bien-être au travail, dans le médico-social et que l'on côtoie des salariés soumis à ces mécanismes au quotidien, on ressortira de cette lecture avec un sentiment de trop peu... Car il y a tant à dire sur ce qu'on appelle dans notre jargon "les risques psycho-sociaux", il y a tant à faire autour de ce thème pour prévenir des situations comme celles de Mathilde et Thibault qui, si elles existent, peuvent aussi être évitées avec une vigilance et une attention de tous au quotidien.

Texte © Miss Alfie 2011.
Édition lue : Les Heures souterraines, Delphine de Vigan, éditions Livre de poche, collection Littérature & documents, 2011, 256 pages.

Comments

[Saleanndre]

Un roman que je viens de finir très vite, avec un peu d'amertume à la fin, mais beaucoup d'émotion tout du long. Au plaisir de revenir ici pour découvrir de nouvelles lectures possibles !

[Miss Alfie]

@ Anne Sophie : Je tenterai peut-être, pour découvrir un peu plus le style de cette auteur.



@ Iceman : C'est le genre de bouquin qui peut facilement interpeller pour peu que l'on ait connu la question au travail.

[Iceman]

Il faudra que tu attendes le 12 février pour mon avis... Mais je l'ai pris à peu près sous le même angle que toi, regrettant pour ma part le déséquilibre entre les deux histoires, de par mon vécu, sans doute.

[Anne Sophie]

j'ai lu "no et moi" de cet auteur, que j'ai adoré

[Miss Alfie]

@ Pein : Un style particulier, mais une thématique passionnante.