La récup' - Jean-Bernard Pouy
Un serrurier, ancien monte-en-l'air repenti, se voit proposé une affaire en or : dix mille euros pour ouvrir une porte dans un manoir. L'homme accepte mais voir rapidement sa récompense s'envoler tandis qu'il est laissé pour mort par ses commanditaires russes sur un quai de gare de banlieue. De ce moment, il n'aura qu'une idée en tête : récupérer son dû, quitte à lever une affaire un peu trop grosse pour lui...
Jean-Bernard Pouy n'est autre que le créateur du fameux Poulpe... C'est en lisant la quatrième de couverture que je m'en suis rendue compte, tout comme j'ai réalisé que j'ai déjà chez moi de lui 1280 âmes que j'avais reçu lors d'un swap... Pour autant, La récup' est le premier roman de Jean-Bernard Pouy que je lis, difficile donc pour moi de juger et de comparer le style, pourtant très spécifique. La narration se fait en effet à la première personne et l'auteur écrit comme il pourrait nous parler, avec des phrases courtes, qui donnent un rythme saccadé à l'histoire, rythme qui évoque d'ailleurs la tension à laquelle se trouve confronté le personnage principal.
Côté intrigue, l'histoire est bien ficelée même si on effleure le polar politico-financier et que l'auteur aurait pu pousser plus loin les choses. Ceci dit, rien n'est exagéré, et les récents scandales nous rappellent que tout cela peut bien exister après tout... On se retrouve à apprécier ce personnage principal, pourtant à la frontière de la loi, bien noir et quelque peu tourmenté, ainsi que les secondaires qui gravitent autour de lui. Pas de descriptions inutiles, Jean-Bernard Pouy ne s'embarrasse pas de ça et va droit au but : un pur roman noir que l'on déguste en haleine en bien peu de temps.
Une petite immersion au milieu des pages ?
"Ceux qui n'aiment pas la pluie ne méritent pas de prononcer des verbes comme arroser, mouiller, liquider. Même les Russes savent ça. Jusqu'à preuve du contraire, la pluie n'entre pas sous la peau. Tout se sèche, à force. Avec un bon feu et une grande serviette." (p.39)
"Si les Russes passaient par chez lui, ils n'auraient plus, en revenant de Suisse, qu'à faire un détour par la capitale de la moutard. Celle qui devait leur monter au nez." (p.104)
"Il a essayé de me tirer les vers du nez, mais ne s'est gaulé que les poils." (p.167)
A lire aussi :
Si l'on en croit Jeanjean, "Le "Pouy-Fuissé", c'est un bon petit blanc, léger, festif, avec un goût de reviens-y, garanti sans mal de crâne et qu'on aime partager. (Res)servez-vous." ;
Quant à Jean-Marc Lahèrre, il confirme "qu’à lire un Pouy on a l’impression que c’est facile d’écrire et d’avoir autant d’imagination. Ce qui est une grave erreur."
Texte © Miss Alfie 2010, sauf citations.
Image La récup', Jean-Bernard Pouy, Éditions Points (2009).