Shutter Island - Dennis Lehane
1954. Le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont appelés pour intervenir sur une île au large de Boston : une patiente s'est échappée de l'hôpital psychiatrique qui s'y trouve. Un hôpital un peu particulier puisqu'il rassemble les criminels les plus dangereux du pays et qui utiliseraient des méthodes radicales.
Deux livres en une seule journée, ben mon vieux, vous n'allez pas vous ennuyer en venant ici ! Il faut dire que si j'ai mis du temps à rassembler mes idées sur Le potentiel érotique de ma femme, mon avis sur Shutter Island se lisait sur mon visage ébahi lorsque j'ai refermé le livre hier soir... Autant vous dire que la nuit fut agitée et que Teddy Daniels a bien hanté mes songes. Cependant, je n'en dirai pas plus de l'intrigue de manière à ce que les derniers extra-terrestres qui n'ont ni lu le livre ni vu le film puissent encore avoir l'effet de surprise.
Il est clair que pour moi, on a à faire à un très grand roman noir, du sombre de chez sombre, qui nous entraine au plus profond de la folie des êtres humains. Je me souviens avoir lu chez Ys que c'est le genre de livre que l'on voudrait reprendre depuis le début une fois qu'on l'a terminé. Et c'est complètement ça : les dernières pages du roman mettent tellement de choses en place que j'ai failli moi aussi reprendre les premières pages pour bien saisir la subtilité de l'auteur qui, pour moi, a fait un travail de virtuose...
Attention, spoilers, surlignez avec la souris pour lire !
Avoir pu ainsi entrer dans la tête d'un fou, car Teddy Daniels n'est autre qu'un fou, un schizophrène traumatisé par l'incendie de son appartement et l'assassinat par son épouse de leurs enfants, puis le meurtre de son épouse dont il est lui-même responsable, est un travail extraordinaire. On réalise en lisant ces pages la cohérence de certains délires, puisque celui de Teddy n'est finalement pas si éloigné d'une potentielle réalité...
Bref, je ne saurai que vous conseiller ce roman qui a eu le même effet qu'Au delà du mal... Rares sont les fois où je reste béate en refermant un livre, incapable d'en sortir, époustouflée par l'auteur et par la complexité du personnage. Si le concept d'un individu et d'une pièce totalement close n'est pas sans rappeler Gaston Leroux et Le mystère de la chambre jaune, je peux vous assurer qu'on est bien loin de cette atmosphère dès les premières lignes du livre, et avant même d'avoir atteint l'île...
A lire aussi :
Karine :), contrairement à moi, n'est "pas tombée en bas de [sa] chaise à la fin" ;
Pour Wictoria, "c'est un nouveau voyage aux confins de la conscience, un bon moment, limite hypnotique" ;
Chez Stéphie, "malgré de bons ingrédients quant au fond de ce roman, la forme [a] relativement déplu" ;
Quant à Neph, c'est clair, "c'est une réussite totale" ;
Et comme souvent maintenant, une foule d'avis chez Bob !
Texte © Miss Alfie 2010.
Image Shutter Island, Dennis Lehane, Éditions Rivages (2009).