Moka - Tatiana de Rosnay
Il a treize ans, il s'appelle Malcolm, et sa vie bascule un mercredi après-midi, quand, en rentrant de son cours de musique, une voiture couleur moka le renverse et prend la fuite, le laissant dans le coma. Autour de lui, sa mère, Justine, son père, Andrew, sa soeur Georgina, et une vie totalement bouleversée, totalement chamboulée. Avec la force qui lui est propre, Justine n'aura de cesse de retrouver le conducteur de la voiture et de comprendre.
Après Elle s'appelait Sarah, je me suis attaquée au dernier roman sorti en poche de Tatiana de Rosnay, mais beaucoup plus ancien puisque paru en 2005, Moka. Serait-ce d'ailleurs le succès du premier qui a permis la parution en poche du second ? Une question que je me pose encore... Autant dire que les deux sont relativement différents, même si l'on sent une patte commune.
Ce coup de patte commun, on le voit déjà à travers l'héroïne et sa famille, mix de français et d'anglais. Double nationalité, double culture, double histoire, avec toutes les questions, tous les préjugés, et toutes les difficultés pour s'approprier des racines que cela peut engendrer, notamment chez les ados. La situation socio-culturelle de la famille rappelle également celle de l'héroïne d'Elle s'appelait Sarah, des familles à l'abri du besoin, vivant dans de beaux appartements, ni trop cheap, ni trop luxueux, et effectuant des métiers "glamour" (architecte, journaliste...), toujours en lien avec la culture... Point de chômeurs et de drogués dans ses romans, juste des familles équilibrées et saines, jusqu'au jour où...
Dans Moka, Tatiana de Rosnay brosse le portrait d'une famille déchirée, dont la belle façade se fissure trop rapidement à cause d'un drame, d'un couple qui devient colocataire, ne se retrouvant même plus dans la douleur qu'il peut partager autour d'un fils entre la vie et la mort. Dans le coma. Coma, moka à l'envers. Jeu de mot qui nous poursuit tout au long de l'histoire, comme une couleur marron sur un mot d'attente.
L'attente, c'est peut-être ce qui caractérise ce livre qu'on lit, en attendant de comprendre, en attendant que Justine retrouve la voiture et son propriétaire, qu'on sent à chaque phrase, à ce découpage haché et rapide des idées, des mots, des phrases. Des phrases courtes pour montrer l'impossibilité de Justine de réfléchir, d'aller de l'avant. Vivre au jour le jour. Des phrases qui traduisent extrêmement bien la douleur d'un mère que les souvenirs de son fils en bonne santé hantent, de sa grossesse au dernier matin avant le drame.
Cependant, après une expérience enrichissante d'un point de vue littéraire et historique, Moka m'a paru fade et convenu. Même si Tatiana de Rosnay exprime très bien les émotions de son personnage et que sa plume se lit facilement, j'espérais un suspense plus haletant, un roman plus sombre et une fin moins irréelle...
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Texte © Miss Alfie 2009.
Image Moka, Tatiana de Rosnay, Éditions Livre de poche (2009).