Syngué Sabour, Pierre de patience - Atiq Rahimi
Dans un pays musulman en guerre, une femme veille son mari, gravement blessé. L'homme souffre d'une blessure que l'on ne connaît pas. On ne connaît pas son nom, ni celui de sa femme. Mais pourtant, au fil des pages, on va connaître tout de la vie de ce couple, tout ce qui touche à son intimité.
Prix Goncourt 2008, j'ai lu tout et son contraire concernant Syngué Sabour, et j'avoue avoir encore du mal à savoir qu'en penser... L'ai-je aimé ? Ai-je été déçue ? J'avoue avoir du mal à me décider... L'histoire, en elle-même, ne m'a pas forcément surprise, ni emballée. Pourtant, certains passages sont poignants... Cette femme qui avoue toute une vie à son mari, qui ose, parce qu'il ne peut plus rien lui dire, évoquer ce qu'elle ressent réellement.
Pourtant, je garde une impression mitigée au final de ce livre. Déjà, sans doute, en raison de son épilogue, étonnant, déstabilisant. Mais aussi de ce style, lent, saccadé. Qui, ceci dit, retranscrit bien la pensée de cette jeune femme qui semble hésiter sur le chemin à suivre... Par où aller, que faire, que dire... Mais Atiq Rahimi m'a énervé par cette lenteur, j'avais envie de connaître le témoignage de cette femme, même si je le connaissais déjà en raison de tous les articles lus sur les blogs ou dans des revues... Du coup, aucune surprise, si ce n'est cette fin, violente, incongrue, à double sens... Fin dont je cherche d'ailleurs encore le sens... Une métaphore ? Peut-être.... Pour un poète, ce ne serait pas surprenant...
Toujours est-il que j'avoue sans lâcheté et la tête haute que si j'ai fini Syngué Sabour, c'est bien parce que c'est un roman court et que j'ai pu occuper ainsi le temps de route du week-end dans la voiture, mais aussi parce que mes collègues l'ayant lu, je voulais pouvoir en parler avec elles en connaissance de cause... Mais franchement, il ne s'agira pas pour moi d'un Goncourt qui m'aura marqué... Non, franchement, il a beau avoir reçu le prix Goncourt, beaucoup ont beau dire qu'il est exceptionnel, je dois sans doute avoir une intelligence inférieure à la moyenne mais j'en garderai un souvenir plat, creux, vide... Le souvenir d'une vision de l'islam violente, négative, brimant la condition féminine... Pourtant, l'islam, ce n'est pas que la djehad et les femmes voilées... Enfin, il me semble... Mais à lire ce bouquin d'un afghan, j'avoue que je me suis posée la question... Je serai d'ailleurs curieuse de connaître l'avis de femmes musulmanes sur la questions : êtes-vous réellement toutes aussi opprimées et soumises aux hommes que ce livre le laisse entendre ?...
Pour terminer, je souhaite citer un extrait du Magazine des livres de février/mars 2009 qui, lui n'y va vraiment pas de main morte et le classe dans les 10 livres de 2008 à oublier...
"Fallait-il le prix Goncourt pour amplifier le message sur la condition de la femme en terre d'islam ? Quand il s'agit d'humanisme, il serait déplacé de formuler des reproches mais c'est, de la part du jury, se donner un rôle qui n'est pas la vocation transmise par les frères Jules et Edmond Goncourt." (Le magazine des livres, février/mars 2009, N°14, page 63)
A lire aussi : Des avis très enthousiastes qui contrasteront avec le mien par Marie, Laurent, Papillon, Cathe, Cathulu ou encore Nina, mais aussi celui de Karine :), dans lequel je me retrouve bien...
Texte © Miss Alfie 2009.
Image Syngué Sabour, Pierre de patience, Atiq Rahimi, Éditions P.O.L (2008).