Qui touche à mon corps je le tue - Valentine Goby
Lucie L., mariée, se repose à la lueur blafarde du jour qui pointe, une sonde dans son utérus, attendant le moment où le sang coulera entre ses cuisses et expulsera l'embryon qu'elle porte. Marie M., condamnée à mort, cherche en vain le sommeil en pensant à sa vie passée, à son travail de blanchisseuse, à ses enfants qui ne réalisent pas que leur mère est une avorteuse. Henri D., les mains abîmées, tente une fois de plus d'anesthésier ses sens en vue de l'exécution dont il est le bourreau le lendemain, une avorteuse.
Une petit livre, tout fin, qui se lit assez vite, qui nous entraîne dans vingt-quatre heures de la vie de trois personnes liées entre elles par une histoire d'avortement, par ce sang qui va couler, inévitablement. Un petit livre que j'ai refermé en étant persuadée de ne pas l'avoir aimé. Parce que je voulais un roman, un vrai, avec des descriptions, un roman rangé, où l'on raconterai la vie des personnages de manière classique et précise. Sauf que ce roman n'est pas du tout ça ! Oh que non ! Non, c'est un roman qui parle des sentiments, de l'amour, de la relation à la mère, de la mort, du sang, de la violence d'avoir ou non un enfant.
Alors forcément, ces phrases longues, ces pensées sans fin, qui s'emmêlent parfois, le passage de la 3e personne à la 1e, le passé qui se font dans le présent, les trois histoires qui se superposent... Forcément, j'étais un peu déboussolée ! Surtout que j'avoue l'avoir lu entre deux plages de sommeil, les idées parfois embrumées...
Et puis finalement, après quelques heures de réflexion, après l'avoir rangé dans la bibliothèque et être passée à autre chose, après aussi avoir lu des avis très positifs, je me rends compte de ce que j'ai raté. L'ayant lu comme le roman que je m'attendais à avoir dans les mains, je pense l'avoir survolé, je ne me suis pas arrêtée sur les réflexions qu'il inspire, sur la violence qui s'en dégage, même si certaines choses ont fait écho dans ma tête.
Le temps ne me le permet pas à l'heure actuelle, mais je crois que je relierai Qui touche à mon corps je le tue dans quelques temps. Car à bien y réfléchir, on retrouve dans l'écriture de Valentine Goby un nombre certain de caractéristiques relevées dans L'échappée, comme l'importance des sens, les descriptions minutieuses de toutes petites choses, de parcelles de peau, de parcelles de vie. Une écriture que j'avais alors beaucoup appréciée et qui avait su me faire vibrer.
A lire aussi : Les avis très positifs de Chiffonnette, de Lou, d'Essel, de Clarabel et de Gambadou.
Texte © Miss Alfie 2008.
Image Qui touche à mon corps je le tue, Valentine Goby, Éditions Gallimard (2008).