God save la France - Stephen Clarke
Lorsque les cartons commencent sérieusement à m'agacer, qu'aucun contact msn n'est disponible, que je n'arrive pas à dormir, ou simplement que j'ai envie de sourire un bon coup, j'attrappe le dernier bouquin acheté au hasard d'une errance dans les rayons de la librairie : God save la France, de Stephen Clarke, ou les aventures d'un anglais pendant une année en France...
"L'année ne commence pas le 1er janvier, tous les Français savent ça. Il n'y a que ces fous d'Anglo-Saxons pour croire un truc pareil. En réalité, l'année commence le premier lundi de septembre. Le jour où les Parisiens récupèrent leurs bureaux après leur mois de vacances et se remettent à travailler le temps de décider où ils partiront à la Toussaint."
(God save la France, Stephen Clarke, p. 9)
Et un Anglais qui croque les Français, ce n'est pas toujours à notre avantage... Des grèves à répétition (à peu près une par mois) à la recherche d'un logement, en passant par la cuisine française, le métro parisien, les partis politiques ou les femmes, notre pauvre Anglais découvre que la France est un pays fort exotique, et les Parisiens des extra-terrestres...
"Appliqué à la vie quotidienne, c'est le truc imparable pour garder ses chaussures propres quand on se promène dans Paris. Tout en marchant, votre subconscient scrute le pavé. Il s'exerce à repérer le moindre renflement à l'horizon et prépare le pied à un évitement de réflexe. Demandez à un parisien comment il se débrouille, contre toute attente, pour garder les pieds propres. Il l'ignore. Cela fait partie de l'instinct du Parisien."
(God save la France, Stephen Clarke, p. 78)
Enfin, le malheureux aura quand même pendant ces quelques mois pu expérimenter les talents des Françaises pour les choses interdites auprès de jeunes donzelles accentuant la réputation du French Kiss... Mais n'oublions pas qu'il convient alors de pouvoir s'exprimer décemment dans la langue non pas de Shakespeare mais bien de Molière, sinon nous risquons de regarder notre gentleman avec de grands yeux...
"Il est une chose en amour que vous devez apprendre si vous vivez en France. Une chose capitale. Une chose qui fait de nous, anglophones, de grotesques ignares dans l'art de la séduction.
Cette chose, la voici : le mot "lingerie" ne se prononce pas comme nous le croyons.
Expliquez donc à une Française que vous aimeriez lui acheter de la lon-jeree : elle sera larguée. Au mieux, elle croira que vous voulez lui payer un truc à la boulangerie. Qu'aimerais-tu pour la Saint-Valentin, chérie ? Une miche de pain ?"
(God save la France, Stephen Clarke, p. 205)
Bon, en attendant, la fin de l'année est proche, et moi j'ai quand même des cartons à boucler, un dos à réparer, des copains à embrasser, des résultats qui me font désespérer, des fringues à trier, des bouquins à avaler, des films à me mater, et un tas d'autres futilités... Et je suis vraiment en retard sur l'année.
"En mai 1968, les étudiants arrachèrent les pavés dans les rues de Paris et bombardèrent la police pour faire tomber le gouvernement ultraconservateur de Charles de Gaulle.
Tous les Français vous le diront, Mai 68 a changé la France en profondeur. Personnellement, je n'en ai jamais vu la preuve. Comme dit Jake, plus ça va plus c'est pareil. Les étudiants lanceurs de pavés sont devenus des patrons réactionnaires, la e politique reste la e politique et le président en exercice se dit toujours gaulliste. Le seul vrai changement, c'est qu'à Paris, on a goudronné les pavés.
Reste que mai est un mois important dans le calendrier français. Parce que si l'année française commence en septembre, c'est en mai qu'elle finit."
(God save la France, Stephen Clarke, p. 305)
Bref, sur ce, bonne lecture, bonne dégustation, bonne journée, bonne semaine, bon appétit, bon anniversaire, bonne fête, bon mariage, bon divorce, bonne nuit, bonnes vacances, bon wee-end et j'en passe !...
"Le problème pour jouer au dur, c'était leur damné politesse, quasiment rituelle. Chaque matin, dès qu'ils me voyaient, Marc et Bernard me serraient la main. Il disaient toujours "bonjour" et demandaient "ça va ?", me souhaitaient en partant "bonne journée", ou selon l'heure "bon après-midi", voire "bonne fin d'après-midi". Si l'on ne se voyait qu'à 17 heures, c'était "bonsoir" au lieu de "bonjour". A l'heure de rentrer à la maison, on se quittait sur "bonne soirée". Sans compter le "bon week-end" du vendredi, et le "bonne semaine" du lundi matin. Des salamecs d'une complexité orientale."
(God save la France, Stephen Clarke, p. 43)
Texte © Miss Alfie 2006 sauf extraits de texte.
Edition lue : God save la France, Stephen Clarke, traduit de l'anglais par Léon Mercadet, éditions Pocket, collection Littérature, 2006, 319 pages.