Aliocha - Henri Troyat
Un vendredi après-midi pluvieux, j'ai poussé la porte de la médiathèque de ma nouvelle ville, bien décidée à découvrir de nouveaux trésors de littérature. J'ai erré quelques minutes dans les rayonnages avant de jeter mon dévolu sur quatre ouvrages que je me suis empressée de ramener chez moi.
Le sommeil étant léger, j'attaquais le premier dans la nuit me séparant du samedi et parti en 1924 à Neuilly découvrir le quotidien et les espoirs d'un jeune russe exilé découvrant l'amitié dans une cour de récréation.
Je me laissais emporter dans ce deux pièces, prise avec le narrateur dans les états d'âme de ce jeune garçon à la culture, à l'héritage ambivalent, tailladé entre son désir d'être Français et le souhait de ses parents de le voir Russe.
Refermant l'ouvrage sur le matin, la dernière ligne savourée sous la couette à la lueur de la lampe de chevet, je m'interrogeais sur la part d'imaginaire et la part de réel de ce roman. Henri Troyat n'était-il pas lui même Russe ? L'interrogation me poursuivit dans les rêves du matin et ne trouva une réponse qu'en fin de matinée, quand, appelant ma mère, elle me confirma ce que j'avais dû lire dans un quelconque article...
Un lundi matin ensoleillé, j'ai allumé la radio pour accompagner les deux heures de route qui m'attendaient et entendu aux informations de dix heures la nouvelle. Monsieur Troyat nous avait quitté. J'eus un pincement au coeur, regrettant de ne l'avoir découvert que trois jours avant qu'il ne meure... Oui, car j'ai beau aimer la lecture, jamais mes pas ne m'avaient guidé vers ses ouvrages... A mon grand regret...
Et au milieu de l'autoroute, alors que le bitume défilait sous les roues de la voiture, j'ai eu envie de pouvoir enfoncer les portes de la médiathèque et emprunter tous les Troyat existants, pour rattraper un retard immense...
Texte © Miss Alfie 2007
Image Aliocha, Henry Troyat, 1991