La belle lumière - Angélique Villeneuve
Alabama, 1880. Kate Kaller donne naissance à sa première fille, Helen. Mais quelques mois plus tard, la petite fait une poussée de fièvre dont elle ressort sourde, muette et aveugle. Pendant de longues années, la jeune mère tentera de protéger sa fille, jusqu'à l'arrivée dans leur vie d'Ann Sullivan qui lui ouvrira la porte d'un monde de savoir.
Lorsque j'étais gamine, j'avais lu avec passion un roman qui racontait l'histoire d'Helen Keller. J'avais été fascinée par la technique de conversation mise en place à base de signes dans la main. Dans ce roman, Angélique Villeneuve se décentre de la petite fille que fut Helen pour s'intéresser à sa mère, ce personnage essentiel dans la vie de l'enfant et sur qui on en connaît pourtant bien peu.
En fin d'ouvrage, Angélique Villeneuve écrit clairement qu'il s'agit d'un roman, et surtout pas d'une biographie. Elle s'est engouffrée dans les nombreux blancs dans l'histoire de Kate Keller pour imaginer la vie de cette femme mariée à un homme veuf, de vingt ans son aîné et déjà père de deux garçons. L'arrivée d'Helen va bouleverser la vie de cette jeune femme qui n'aura alors de cesse que de protéger son enfant. Au fil du récit, on découvre une femme très seule, qui ne profite que de faibles soutiens ponctuels, et qui doit apprendre à trouver sa place, y compris face à celle qui occupera pas la suite une place centrale dans la vie d'Helen, Ann Sullivan.
Au-delà de l'histoire d'Helen et de sa famille, Angélique Villeneuve retrace aussi une époque et une société, celle du sud des Etats-Unis à la fin du 19e siècle. On y croise des noirs qui, s'ils ne sont plus esclaves sur le papier, restent des domestiques avec qui il ne faudrait surtout pas se mêler. C'est un roman d'ambiance et d'atmosphère que propose Angélique Villeneuve, par petites touches, très touchant. A découvrir.
Texte © Miss Alfie 2021.
Couverture : La belle lumière, Angélique Villeneuve, éditions Le passage, 2020, 240 pages.