La cuisinière - Mary Beth Keane
Au début du 20e siècle à New-York, les médecins découvrent que la fièvre typhoïde pourrait bien être transmise par des porteurs sains. La première identifiée fut Mary Mallon, une cuisinière accusée d'avoir contaminé plusieurs dizaines de familles et de domestiques, et provoqué la mort de trois personnes.
Je l'ai déjà dit, j'ai parfois des craintes quand j'attaque un roman qui met en scène un personnage ayant réellement existé. Dans ce roman, je n'ai pourtant pas trop été gênée, me laissant porter par la trame romancée imaginée par Mary Beth Keane à partir de l'histoire de cette femme au caractère bien trempé.
Mary Mallon est une immigrante irlandaise. Après avoir exercée en tant que lingère dans de nombreuses maisons new-yorkaises, elle finit par obtenir un poste de cuisinière. Ses talents sont réels, et Mary trouve de bonnes places. Ses jours de congés, elle les passe dans le petit logement qu'elle partage avec Alfred, qui refuse de l'épouser malgré leur vie commune réelle, un petit scandale à l'époque. Mais le destin de Mary bascule le jour où la police sanitaire de New-York vient la capturer pour l'isoler et l'empêcher de contaminer son entourage. Pour Mary, c'est la douche froide et l'incompréhension : comment peut-elle être à l'origine des morts qui ont eu lieu dans quelques unes des familles pour lesquelles elle a travaillé, alors qu'Alfred est en bonne santé et qu'elle-même n'a jamais été malade ? La difficulté est renforcée par des analyses aux résultats peu concluants, aléatoires, confirmant Mary dans son déni.
Mary Beth Keane propose un roman centré sur cette femme et son évolution, sur son sentiment d'injustice et son incompréhension devant des méthodes qui peuvent en effet questionner. Si sa relation avec Alfred est très présente dans le roman, ce n'est pas ce qui fait son intérêt. Pour moi, c'est aussi une histoire qui peut amener les lecteurs les plus curieux à mieux comprendre comment s'est diffusée la typhoïde, quel était l'état des connaissances à l'époque, comment on a traité cette femme en paria parce qu'elle fut la première porteuse saine de la maladie identifiée, etc. Autant de questions qui peuvent faire écho à la situation sanitaire que nous vivons aujourd'hui : comment protéger les autres alors que nous n'avons pas conscience d'être un danger pour eux ?...
Bref, au-delà de ces considérations actuelles, La cuisinière est un roman sympathique, qui se lit facilement, intéressant pour son sujet, et que je vous recommande, sans forcément vous vendre ici le roman de l'année !
Texte © Miss Alfie 2021.,
Couverture : La cuisinière, Mary Beth Keane, traduit de l'anglais (USA) par Françoise Pertat, éditions 10/18, 456 pages.