Une autobiographie - Agatha Christie

Est-il nécessaire de vous faire un pitch de ce bouquin ? Non, je ne pense pas, car son titre dit tout ! Dans cet ouvrage de près de 1000 pages, Agatha Christie se raconte, de son enfance jusqu'au milieu des années 1960, période à laquelle elle rédigea cet ouvrage publié au Royaume-Uni en 1977, plus d'un an après sa mort, et traduit en français en 2002 (seulement !).

Ce pavé traînait depuis au moins 8 ans dans mes étagères, attendant patiemment que je me décide à l'ouvrir. J'ai profité de quelques jours de congés pour m'y plonger et tenter de mieux connaître et comprendre le travail d'Agatha Christie. Cette romancière fait, comme Conan Doyle, partie des auteurs qui m'ont fait découvrir le roman policier et les énigmes en chambre close.

J'ai lu bon nombre de romans et de nouvelles qu'elle a pu écrire, certains plus passionnants que d'autres (la romancière elle-même n'est pas toujours tendre avec la qualité de ses productions...), et j'avoue que j'ai parfois été un peu heurtée, interpellée, par certains propos, certaines manières de considérer certaines catégories de personnes... Ce livre m'a permis de mieux cerner d'où venait Agatha Christie, dans quel milieu elle a été élevée, dans quelles valeurs elle a pu grandir et ce qui l'a façonnée.

Si les derniers chapitres dans lesquels elle relate sa vie avec Max Mallowan, son second mari, m'ont paru plus longuets et moins intéressants, j'ai souvent souri devant le ton so british et le regard parfois ironique qu'elle pose sur son enfance. On y découvre une jeune femme élevée dans dans la bonne société victorienne. Certains propos ont une connotation de "c'était mieux avant" comme lorsqu'elle reconnaît qu'elle ne peut plus trouver d'aussi bons domestiques que par le passé, et en même temps elle n'hésite pas à pointer certaines habitudes qui semblent aujourd'hui d'un tout autre temps, comme l'interdiction pour les femmes de montrer leurs jambes, ou le récit des bains de mer...

Cet ouvrage est aussi l'occasion de découvrir que, dès son enfance, Agatha racontait des histoires. Dernière d'une fratrie de 3 enfants, bien plus jeune que son frère et sa soeur, Agatha Christie a été élevée quasiment comme une enfant unique. Rapidement, elle s'est créée un univers, des compagnons de jeux imaginaires, qui sont les prémisses de sa capacité à raconter des histoires. Chapitre après chapitre, j'ai aussi découvert une jeune femme marquée par sa première histoire d'amour avec Archie Christie, une histoire qui s'achèvera sur un divorce qui marquera durablement Agatha Christie.

Si l'histoire d'Agatha Christie n'est pas très originale, cette autobiographie permet de mieux comprendre l'oeuvre de l'écrivaine et de la resituer dans une époque. Une seule zone d'ombre demeure, sa fameuse disparition de quelques jours en décembre 1926 quelques temps après le décès de sa mère et au moment où Archie lui annonce avoir une liaison et vouloir divorcer... Une zone d'ombre qu'elle a décider, probablement volontairement, d'occulter de son récit et sur laquelle je me pencherai prochainement avec le roman de Brigitte Kernel, Agatha Christie, Le chapitre disparu.

En attendant, si vous aimez cette romancière, vous pouvez toujours vous atteler à la tâche de lire ce pavé. Mais sinon, soyons honnêtes, vous risquez quand même fortement de vous ennuyer et, peut-être même, de vous faire une idée de la dame comme étant un poil rétrograde et désuète...

Texte © Miss Alfie 2021.
Couverture : Une autobiographie, Agatha Christie, traduit de l'anglais par Jean-Michel Alamagny, éditions Livre de poche, 2007, 992 pages.

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[Lydia B]

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