Pour un instant d'éternité - Gilles Legardinier
1889. Paris bruisse et fourmille autour de la star de l'exposition universelle, la Tour Eiffel. Vincent, artisan spécialisé dans les passages dérobés et autres tiroirs secrets, enchaîne les missions pour divers hommes publics. Mais la sécurité de sa petite troupe s'avère bien vite menacée, alors qu'une mission d'envergure lui est proposée.
Il y a un paquet d'années maintenant (2013...!!!), j'avais lu avec assez de plaisir et de légèreté le roman qui a fait connaître Gilles Legardinier, Demain, j'arrête !. Depuis, j'avais laissé l'auteur de côté, refroidie par un trop grand succès et la sensation d'histoire souvent redondantes et explorant les mêmes ficelles. Mais j'ai eu envie de retenter le coup avec ce roman assez différent de ce qu'il peut faire d'habitude et dont on m'avait dit plutôt du bien.
Alors je vais donc commencer par être gentille. Effectivement, c'est un bouquin sympa, qui se lit bien, et plutôt divertissant. Aux côtés de Vincent, le lecteur explore des mystères vieux de plusieurs siècles et s'engouffre dans le sous-sol de Paris à la recherche de la pierre qui fera basculer un pan de mur pour délivrer un trésor oublié. On se prend à frissonner quand le gaillard s'engouffre dans un tunnel très sombre, à suspecter toute personne qui lui adresse la parole d'être un traître en puissance et à s'attacher à quelques-uns de cette étrange bande.
En revanche... En revanche non, ce n'est pas un grand livre. Le style est pauvre et fade. Oui, carrément. Legardinier utilise des ficelles que je ne pensais plus utilisées depuis la grande époque des romans pseudo-historico-ésotériques en faisant ressusciter les Templiers et autres trésors perdus. Et puis c'est quoi, cette histoire de Gabrielle ? Sérieusement ?!
Je vous explique : au début du roman, Vincent vit dans une maison avec ses coéquipiers, tous de sexe masculin. Et d'un coup, on découvre que l'un d'entre eux planque une nana dans un tas de bois. La fille obtient l'autorisation de rester, s'immisce dans la vie domestique en faisant des tourtes aux pommes, en préparant le dîner et en faisant le ménage. Au fur et à mesure des pages, je me suis dit qu'il y avait un truc, qu'elle serait soit une traître soit la formidable sauveuse qui trouverait une astuce géniale lors de la résolution de l'intrigue. Mais rien. Que dalle. Gabrielle est une potiche. La caution féminine de ce roman quasiment 100% masculin qui n'offre donc aux femmes que le rôle de comtesse à baiser (pardon maman, je sais, je suis vulgaire) ou bonniche à tout faire.
Bref, si j'ai lu ce roman en quelques soirées, qu'il m'a plutôt divertie, j'avoue que ces failles et ce regard particulièrement paternaliste sur les femmes m'amènent à le ranger dans les romans "à ne pas recommander". Si vous aimez Legardiniez, tant mieux (il en faut bien pour tous les goûts), mais moi j'ai d'autres auteurs bien plus prometteurs à découvrir.
Texte © Miss Alfie 2021.
Couverture : Pour un instant d'éternité, Gilles Legardinier, éditions J'ai lu, 2020, 640 pages.