L'enfant qui mesurait le mondeSur l'île de Kalamaki, il y a Eliot qui s'y est installé après la mort de sa fille. Il y a aussi Maraki qui va pêcher tous les matins et Yannis, son fils qui compte et recompte les choses autour de lui. Yannis cherche l'équilibre du monde, un équilibre qui pourrait être mis en péril par le projet de construction d'un hôtel de luxe.

Voilà un roman tout en retenue qui nous emmène sur une petite île grecque à la rencontre de personnages très sensibles et touchants. Au fil du roman, le lecteur fait connaissance avec des figures emblématiques de l'île, notamment les trois évoquées dans la présentation du roman. Si Eliot est arrivé de New-York pour enterrer sa fille bien des années plus tôt, il a décidé de rester sur l'île et est devenu un personnage discret qui va prendre peu à peu une place importante dans la vie de Maraki. Cette jeune femme qui exerce un métier d'homme, qui part à la pêche en pleine nuit, se retrouve seule pour élever un fils dont on comprend rapidement qu'il souffre d'un syndrome autistique. Entre Eliot et Yannis, une relation va s'établir, de la confiance puis, peu à peu, une sorte de complicité...

Mais comme le caractère de Yannis, L'enfant qui mesurait le monde reste subtil et retenu. Il n'entre pas dans des détails crus, il suggère et saupoudre les émotions. Ce choix narratif a pourtant un double effet : si d'un côté j'ai aimé cette retenue et la douceur qu'elle génère, j'ai aussi parfois eu l'impression de rester en surface des choses, de devoir comprendre à demi-mots...

Pour autant, ce roman de Metin Arditi raconte à la fois une histoire d'amitié, une histoire d'amour, et l'histoire d'une île au milieu d'une société grecque en pleine mutation et en pleine crise.

Texte © Miss Alfie 2020.
Couverture : L'enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi, éditions Points, 2017, 264 pages.