Ces messieurs de Saint-Malo - Bernard Simiot

En 1664, alors que Louis XIV crée la compagnie des Indes, Mathieu Carbec décide d'acheter trois actions. Commerçant, regrattier précisément, Mathieu Carbec va devenir armateur et corsaire en s'associant au Capitaine Le Coz. Quelques années plus tard, son fils Jean-Marie embarquera sur un morutier et mettra ses pas dans ceux de son père pour construire une dynastie à partir de trois simples actions.

En bonne Bretonne, élevée à moins d'une heure de Saint-Malo, je n'avais pourtant jamais lu cette saga historique bien connue des locaux. Mais c'est chose faite, en tout cas avec le premier opus de cette saga familiale qui traversera les siècles en racontant l'ascension d'une famille commerçante qui rejoindra peu à peu la noblesse bretonne.

Dans ce premier opus, le lecteur suit les deux premiers hommes de cette dynastie, Mathieu et son fils Jean-Marie. Autour d'eux, gravitent de nombreux personnages plus ou moins honnêtes, eux-mêmes n'hésitant guère à détourner et contourner les règles pour augmenter le stock de piastres planquées dans les barils de morues séchées... Mais ces personnages secondaires sont loin d'être tous des hommes : Bernard Simiot met en scène des femmes de caractères, des Bretonnes qui n'hésitent pas à prendre des risques, et grâce à qui on comprend que bien des femmes étaient en fait les têtes pensantes des sociétés maritimes qui existaient alors.

Pour qui aime l'histoire locale, Ces messieurs de Saint-Malo est un petit plaisir. On traverse le règne de Louis XIV en effleurant les guerres avec les Hollandais et les Espagnols. On découvre une cité dont le coeur historique s'imagine assez bien pour qui connaît aujourd'hui Saint-Malo, reliée au continent par la chaussée du Sillon tout aussi célèbre aujourd'hui qu'à l'époque. Le roman nous entraîne aussi de l'autre côté de la Bretagne, à Port-Louis et L'Orient, cette petite cité qui se construit peu à peu sur les marais du Faouëdic pour pouvoir héberger tous les ouvriers employés à Port-Louis.

Si le roman manque peut-être à peine de repères chronologiques, Bernard Simiot signe le premier volume d'une saga et nous donne envie de connaître le destin des descendants des Mathieu Carbec.

Texte © Miss Alfie 2020.
Couverture : Ces messieurs de Saint-Malo, Bernard Simiot, éditions Livre de poche, 1987, 640 pages.