Le quatrième mur

Georges est étudiant en histoire quand il rencontre Samuel. Samuel est Grec et juif, et il décide de monter la pièce de Jean Anouilh, Antigone, dans un Beyrouth ravagé par la guerre en faisant jouer les rôles par des représentants de toutes les communautés qui s'affrontent. Deux heures pour déposer les armes autour d'une pièce de théâtre.

Sorj Chalandon, c'est cet auteur qui vous installe confortablement dans un petit fauteuil, vous dit d'y aller, de persévérer même si vous avez du mal à vous plonger dans son histoire, et vous cueille à la fin d'un coup de poing dans le ventre qui vous laisse pantois.

J'avoue : j'ai eu du mal à me laisser embarquer par l'histoire de ce roman. Mais une fois partie à Beyrouth dans les valises de Georges et à la demande de Samuel, je me suis laissée embarquée... J'ai redécouvert un conflit dont je ne connaissais que des bribes tant j'étais jeune à l'époque de ce récit. J'ai côtoyé des hommes et des femmes pris dans le carcan de religions qui s'opposent quand elles auraient tout à gagner à se compléter.

Si le personnage de Georges m'a un peu agacée au début, dans cette posture de jeune homme sûr de lui, militant pour des droits qu'il estime évident sans connaître réellement la situation pour laquelle il se bat, j'ai apprécié la manière dont Sorj Chalandon le fait évoluer, l'impact de la guerre qu'il va vivre au plus près et la situation de choc post-traumatique dans laquelle les atrocités dont il sera le témoin vont le plonger.

Ce roman est une tragédie, comme bon nombre d'ouvrage de Chalandon. Il résonne en miroir avec le texte d'Anouilh sur lequel il offre un autre regard. Un texte à lire et faire lire, pour aimer encore plus la langue française et nos romanciers contemporains.

Texte © Miss Alfie 2020.
Couverture : Le quatrième mur, Sorj Chalandon, éditions Livre de poche, 2014, 336 pages.