Betty

C'est l'histoire d'une Petite Indienne, sixième enfant d'une fratrie de huit, issue d'une lignée Cherokee. C'est l'histoire d'une famille pleine de secrets, de mensonges et d'amour face au reste du monde. Betty, c'est une petite fille qui grandit au contact de la nature et devra se confronter à la violence des hommes.

Je ne sais en quels termes vous parler de ce roman. J'ai la sensation qu'aucun ne pourrait traduire le plaisir que j'ai ressenti à cette lecture, la puissance qui s'en dégage, le coup de coeur qu'elle fut. Betty, ce n'est pas un "roman d'été" qu'on pourrait lire pour se vider la tête pendant les vacances. C'est un pavé, c'est une immersion dans la violence d'une famille qui s'aime, pourtant...

Pages après pages, j'ai courru avec Betty dans les champs de l'Ohio, autour de sa maison. J'ai enterré avec elle ses récits pour que la terre s'en imprègne. J'ai suivi ses apprentissages aux côtés de son père. J'ai pleuré quand sa mère lui ouvrait les yeux sur la réalité de son histoire. Betty, c'est une histoire d'amour paternel, de transmission culturelle indienne, de racisme aussi...

Mieux que de longues phrases, quelques extraits pour vous donner, j'espère, envie de rencontrer Betty...

« Avant le christianisme, les Cherokees étaient fiers de leur société matriarcale et matrilinéaire. Les femmes étaient à la tête de la famille, mais le christianisme a donné aux hommes un rôle prédominant. A la suite de ce bouleversement, les femmes ont été écartées de la terre qu'elles avaient possédée et cultivée. On leur a donné un tablier et on leur a signifié que leur place était à la cuisine. Aux hommes, qui avaient toujours été des chasseurs, on a dit qu'ils devaient maintenant travailler dans les champs. Les Cherokees ont vu leur mode de vie traditionnel éradiqué, de même que la répartition des rôles entre les deux sexes, qui avait permis aux femmes d'occuper une place aussi importante que celle des hommes. » (p. 26)
« J'ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinées autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées. » (p. 216)
« A ce moment-là, j'ai compris que les pantalons et les jupes, tout comme les sexes, n'étaient pas considérés comme égaux dans notre société. Porter un pantalon, c'était être habillé pour exercer le pouvoir. Porter une jupe, c'était être habillée pour faire la vaisselle. » (p. 562)
« En écoutant Cotton et les autres, j'ai compris une chose que mon père ne savait pas quand il était encore en vie. Il état bien plus qu'un bouche-trou. Il était un immense champ de fleurs sauvages à lui tout seul. » (p.694)

Et si vous avez envie de mieux connaître Betty, vous pouvez trouver quelques photos d'elle sur le site de l'autrice dont Betty est la maman...

Une rencontre qui restera dans ma mémoire... J'espère que vous aimerez cette Petite Indienne autant que moi !

Une lecture en partenariat avec la librairie Réservoir Books et les éditions Gallmeister, sortie en librairie le 20 août 2020 !

Texte © Miss Alfie 2020.
Couverture : Betty, Tiffany McDaniel, traduit de l'anglais (USA) par François Happe, éditions Gallemeister, 2020, 716 pages.