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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
24 mars 2020

Un salon - Recto

C’était un lundi d’hiver, un matin qui avait la blancheur de ces jours de brouillard au cours desquels le soleil tente de percer. Le conservateur en chef m’avait remis les clés du lieu une heure plus tôt ; et je m’étais empressée de venir voir cet endroit qui allait devenir mon obsession.

La porte d’entrée, en bois massif, me semblait encore en bon état. Elle serait à poncer et à repeindre, mais nous devrions pouvoir la garder. La serrure fonctionnait à la perfection. Ma grosse clé l’ouvrit sans un grincement.

Rapidement, je parcouru le hall et le grand escalier des yeux. J’y reviendrai plus tard.
Sur ma gauche, une double porte menait au salon. Je connaissais la disposition des lieux par cœur tant j’avais étudié les plans, gravures et photos que nous avions déjà rassemblé. A droite, un couloir menait à la salle à manger d’apparat. Dans un renfoncement, derrière l’escalier, une porte permettait d’accéder à l’entresol, à la cuisine et à l’univers des domestiques.

J’entrais dans le salon. Un spectacle totalement différent de l’image que je m’étais faite de la pièce m’attendais. Les années d’abandon avaient laissé des marques qu’il me revenait d’effacer.

Au fond de la pièce, deux grandes portes-fenêtres ouvraient sur le parc. Je peinais à les ouvrir pour replier les volets en bois et laisser la lumière pénétrer la pièce. Les menuiseries seraient à vérifier et quelques carreaux à remplacer.
Un arbre s’était installé en plein milieu de la terrasse qui longeait la maison, et son ombre se projetait dans la pièce.

Je fus surprise de trouver un peu de mobilier dans cette pièce : deux vieux fauteuils, une paire de chaises en paille sur lesquelles je ne cherchais pas à m’asseoir. La maison semblait avoir été abandonnée précipitamment. Sur le linteau de la cheminée, je découvris un vieux flacon avec un reste de liquide ambré et deux verres.

Au sol, je chassais du pied quelques feuilles arrivées là je ne sais comment et découvrir le parquet. Une bonne couche de poussière l’enveloppait, et l’humidité l’avait probablement fragilisé.
Au plafond, la peinture s’écaillait. Dans l’angle opposé, je vis que la corniche s’était en partie détachée. Un lustre pendait encore, terni par les ans. Mais la restauration serait peut-être moins compliquée que prévu avec ces petits indices que je trouvais sur mon chemin.
Aux murs, les tapisseries se détachaient partiellement. Deux grands miroirs encadraient la cheminée. J’y vis mon reflet piquetés de points noirs. 

Mes recherches m’avait permis de conclure que cette pièce était principalement destinée à la vie familiale du Marquis qui fit construire la maison. On s’y retrouvait en journée pour converser, jouer, broder ou peindre, ainsi que le soir, après le souper pris en famille. Un autre salon jouxtait la salle à manger d’apparat pour les soirs de réception.
Il se dégageait de ce lieu une douceur et une sérénité qui me faisaient aisément comprendre pourquoi il était devenu l’espace d’intimité des occupants des lieux. 

Je fis quelques photos, annotais mes croquis et ressortis en tirant la double-porte. J’aurai tout le temps de revenir plus tard explorer ce salon. Il me fallait découvrir les autres secrets de cette vieille bâtisse.

salon

Texte © Miss Alfie 2020.

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