Lectures de décembre - les romans
Décembre, ses jours gris et courts, ses lumières de Noël, ses dimanches à rester sous le plaid bouquiner... Entre belles découvertes et déceptions, entre BD ressorties des étagères et abandons en cours de route, voici les lectures qui ont accompagné cette fin d'année 2019...
Et puisqu'il s'avère que j'ai un peu conjuré ma panne de lecture, vous aurez le droit à deux chroniques : aujourd'hui, on parlera romans, et demain BD !
Bonne lecture !
Côté romans...
Les heures silencieuses, de Gaëlle Josse
Dans ce très court texte, Gaëlle Josse donne vie à cette femme de dos peinte par Emmanuel de Witte. Elle lui imagine une vie, des enfants, un époux, un rôle dans la société. Elle projette dans cette image des détails d'une vie d'épouse de marchands dans les Pays-Bas du 17e siècle.
Un exercice de style qui m'a rappelé Le portrait de Pierre Assouline, mais plus doux et plus fort que ce dernier, malgré la brièveté du texte.
Ce que savais Maisie, de Henry James
Cela faisait quelques temps que je n'avais pas abandonné en cours de route un roman : Ce que savait Maisie sera ma déception du mois, malgré un sujet particulièrement intéressant.
Publiée en 1897, ce roman suit une fillette dont les parents divorcent alors qu'elle n'a que trois ans. Maisie va devenir un objet de bataille entre ses parents puis entre ses beaux-parents, à celui qui l'aura tout d'abord, puis à celui qui s'en débarrassera ensuite...
En cela, l'ouvrage est particulièrement moderne et d'une actualité effrayante... Henry James pose sur la situation le regard de cette enfant qui grandit au fil des pages et se révèle particulièrement clairvoyante derrière sa candeur et son apparente naïveté... Pourtant, je n'ai pas réussit à m'attacher à elle, ni à aucun des personnages. Je n'ai ressenti aucune empathie pour cette troupe d'adultes qui m'a particulièrement énervée... Le tout accentué par un style littéraire que j'ai trouvé ampoulé et compliqué, fait de très longues phrases pleines de négations, au point qu'on ne sait plus ce que l'on lit...
La faute à James ou à sa traductrice, la pourtant célèbre Marguerite Yourcenar ? Aucune idée, si ce n'est que j'aurai péniblement dépassé la moitié du bouquin pour l'abandonner et le laisser de côté, au profit d'autres histoires plus accessibles !
L'espionne de Tanger, de Maria Dueñas
Ce roman nous entraîne entre l'Espagne et le Maroc et nous fait découvrir une partie de l'histoire de la péninsule ibérique que je ne connaissais que très peu. Le destin de Sira, jeune couturière qui va devoir reconstruire sa vie au Maroc, nous entraîne au coeur de la guerre d'Espagne et de la seconde guerre mondiale.
Saga romanesque et historique, L'espionne de Tanger se lit très facilement et se dévore. Un excellent roman de vacances, qui met en scène une femme forte qui osera défier les codes.
Une partie de badminton, d'Olivier Adam
Ce n'était pas gagné, quand j'ai commencé ce roman d'un de mes auteurs pourtant chouchou... Dans ce nouveau roman, Olivier Adam met en scène un écrivain en rade, de retour en Bretagne avec femme et enfants, qui va se retrouvé face à des bouleversements dans sa vie qui vont renforcer sa mélancolie et son pessimisme...
Pourtant, ça finit par fonctionner, même si je n'ai pas ressenti de réelle empathie pour ce quadragénaire qui semble découvrir la vie et découvrir que tout ne tourne pas autour de lui uniquement...
Dans quelle mesure Olivier Adam n'a-t-il pas projeté dans ce personnage un peu de lui-même ? Je ne sais pas. Je sais juste que seuls les fans apprécieront peut-être ce roman qui ne restera pas comme le meilleur de l'auteur, même s'il aborde des sujets très actuels.
Les filles au lion, de Jessie Burton
Après Miniaturiste, voici le deuxième roman de Jessie Burton qui nous plonge cette fois dans le monde de l'art pictural avec une intrigue qui nous entraîne à Londres en 1967 et en Espagne en 1936. On y suit d'une part une jeune femme originaire des Caraïbes qui trouve un emploi dans une galerie d'art mais rêve de devenir écrivain, et d'autre part une jeune femme austro-anglaise installée avec ses parents en Espagne et qui rêve de devenir peintre.
Si le contexte historique des années 30 est plutôt bien intégré à l'histoire, les chapitres relatifs à cette période m'ont beaucoup moins intéressée que ceux se déroulant en 1967. Si je vois bien l'intention de l'autrice (permettre au lecteur de raccrocher les pièces du puzzle plus rapidement que pour les personnages de 1967), ce procédé rompt le rythme de l'intrigue et le casse...
Au final, l'histoire se base sur des secrets de famille, thème récurrent et pourtant inépuisable de la littérature... Une histoire sympathique mais que j'oublierai probablement assez rapidement...
Texte © Miss Alfie 2019.
Couvertures :
• Les heures silencieuses, Gaëlle Josse, éditions J'ai lu, 2012, 96 pages.
• Ce que savait Maisie, Henry James, traduit de l'anglais par Marguerite Yourcenar, éditions 10/18, 2004, 400 pages.
• L'espionne de Tanger, Maria Dueñas, traduit de l'espagnol par Eduardo Jimenez, éditions Points, 2013, 696 pages.
• Une partie de badminton, Olivier Adam, éditions Flammarion, 2019, 384 pages.
• Les filles au lion, Jessie Burton, traduit de l'anglais par Jean Esch, éditions Gallimard, collection Folio, 2018, 528 pages.