Un dernier verre au bar sans nom - Don Carpenter
Extrait de la quatrième de couverture : Lorsqu'il rencontre Jaime sur les banc de la fac, Charlie en tombe immédiatement amoureux. Elle est bien meilleur écrivain, mais c'est lui qui décroche un prix et ambitionne d'écrire le "Moby Dick de la guerre". Dans le sillage charismatique du couple, déménagé à Portland, une bande d'écrivains se forme.
Il y a quelques jours, j'ai vu passer une discussion sur les réseaux dans laquelle une des personnes louait l'algorithme d'un site de vente en ligne ayant décidé d'éviter de payer ses impôts en France. Paraîtrait que ça lui fait découvrir des titres vers lesquels il ne serait pas allé autrement. Alors, personnellement, pour ça, j'ai une autre option beaucoup plus sympa et vivante : aller voir un libraire.
Ce bouquin, je suis pas certaine que je l'aurai mis dans mon panier si je l'avais eu comme recommandation sur un site internet. Parce qu'une histoire de bande d'écrivains de la beat generation qui boivent des coups et refont le monde en étant totalement shootés (et c'est un peu ainsi que je voyais le bouquin avant de le lire), pas certaine que ça m'aurait branchée ! Mais vous auriez vu le libraire, son enthousiasme, ses yeux brillants en m'en parlant. Face à cette émotion si évidente, il fallait que je découvre !
Bref, tout ça pour dire que j'ai drôlement bien fait de ne pas me fier à mon instinct et de suivre celui du libraire ! Ce bouquin est excellent ! C'est une plongée directe dans la côte Ouest des États-Unis dans les années 1950 à 1970. On se promène en Californie aux côtés de Jaime et Charlie, puis dans l'Oregon. On croise une galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Mention spéciale à Stan, le voleur qui se rêve écrivain dans le fond de sa cellule.
Ce bouquin est une ode à la littérature. Les auteurs qui y sont évoqués sont multiples. Et il pose indirectement la question du talent en littérature : écrire, est-ce inné ou cela s'apprend-il ? Le talent pour mettre en mot une histoire peut-il s'acquérir à force d'exercices, d'heures de travail laborieux, ou faut-il apprendre à renoncer, exister à travers un autre projet ? Don Carpenter évoque tout cela dans ce roman publié après sa mort grâce au travail de mise en forme de Jonathan Lethem. N'ayant pas lu d'autres ouvrages de Carpenter, je serai bien en peine de dire si la patte de Lethem est fortement visible dans l'oeuvre ou s'il a, comme il le dit dans la postface, réellement bien conservé son esprit, mais une chose est sure : ce bouquin est très bon pour qui aime les bars enfumés aux tables collantes de bières où l'on se retrouve après le boulot pour refaire le monde.
Texte © Miss Alfie 2018.
Couverture : Un dernier verre au bar sans nom, Don Carpenter, publié par Jonathan Lethem, traduit de l'anglais (USA) par Céline Leroy, éditions 10/18, 2017, 480 pages.