Madame St-Clair, reine de Harlem - Raphaël Confiant
En 1912, Stéphanie St-Clair débarque à New York. Cette Martiniquaise a quelques sous dans sa bourse et va rapidement devenir l'une des gangsters les plus en vue de New York. De son passage dans le gang des 40 voleurs à son règne sur la loterie de Harlem, Stéphanie St-Clair se raconte à un neveu venu la rencontrer.
J'ai découvert Raphaël Confiant il y a trois ans grâce à la lecture du Bataillon créole dans le cadre du prix Océans. J'avais été passionnée par cette histoire antillaise si liée à l'histoire métropolitaine qu'il nous racontait. Aussi, quand l'occasion de découvrir un autre de ses écrits s'est présentée, j'ai tentée le coup. Et quelle surprise là encore !
Qui dit gangster américain au début du 20e siècle dit mafia italienne, Al Capone et compagnie. Du moins, c'est ce que je croyais ! Car avec Madame St-Clair, reine de Harlem, Raphaël Confiant lève le voile sur le destin d'une femme martiniquaise hors du commun, qui tint Harlem entre ses mains pendant de nombreuses années et sut résister de nombreuses années face aux parrains italiens et irlandais du secteur.
Il imagine une Stéphanie St-Clair à la fin de sa vie, contactée par un neveu à qui elle va conter son histoire. Comme toute histoire orale, le récit se permet des liberté avec la chronologie et fait parfois preuve de redites, mais qu'importe. On se laisse porter par cette femme particulière, une femme de poigne, une femme noire, qui pose aussi la question de sa place dans la société.
"Ce n'est qu'à ma débarquée aux États-Unis que la question de savoir qui j'étais vraiment se posa. S'imposa à moi plus exactement. Je fus en quelque sorte sommée de me définir car si ma couleur de peau relevait de l'évidence, mon accent et mon anglais hésitant, ma façon de me coiffer, de m'habiller et même de rire, tout dénotait en moi une origine autre qu'américaine." (p. 194)
Martiniquaise, noire, femme, Stéphanie St-Clair cumule les particularités dans un monde où les noirs sont parqués dans le ghetto de Harlem, où les clubs fréquentés par les blancs huppés sont dans ce même quartier, où aller écouter du jazz revient à s'encanailler. C'est une photographie de l'époque que Raphaël Confiant nous propose à travers cette histoire plus noire qu'elle n'y paraît (et sans mauvais jeu de mots !). Pour autant, je n'ai pas retrouvé le petit plus, cette écriture si diverse et vibrante qui m'avait totalement emballée dans Le bataillon créole. Une chouette lecture néanmoins !
Texte © Miss Alfie, 2017.
Couverture : Madame St-Clair, reine de Harlem, Raphaël Confiant, éditions Mercure de France, 2015, 336 pages.