"Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence." (quatrième de couverture)
J'ai déjà raconté dans une première chronique pourquoi et comment j'en étais venu à lire Sorj Chalandon. Après Mon traître, lire Retour à Killybegs semblait naturel. Pour lire la suite de l'histoire de Tyrone Meehan. Coupons court tout de suite, Retour à Killybegs n'est pas une suite. C'est un complément, un miroir à Mon traître.
Si le premier opus du diptyque laissait parler un luthier français, toute l'histoire est narrée ici par Tyrone Meehan lui-même. Sous forme d'une autobiographie alternant entre épisodes du passé et la fin de vie à Killybegs, l'ancien gradé de l'IRA infiltré par les Anglais raconte sa vie. Son enfance avec un père violent, ses premiers contacts avec l'IRA et le combat indépendantiste, son ascension, ses combats et forcément, sa trahison, son double-jeu, la découverte du pot-aux-roses.
Sorj Chalandon conserve d'un livre à l'autre le même style fluide et envoûtant, d'une apparente facilité. C'est merveilleux à lire, c'est prenant de bout en bout, c'est tout simplement beau. L'auteur parvient sans difficulté à faire aimer ce personnage que tout un pays a fini par haïr, sans chercher à le réhabiliter ou justifier ses actes de trahison. Bref, le diptyque Montraître - Retour à Killybegs est merveilleux et il me paraît indispensable de ne pas dissocier les deux ouvrages forcément complémentaires.
Texte © Alfie's mec, 2017.
Couverture : Retour à Killybegs, Sorj Chalandon, Éditions Le Livre de Poche, 2012.