Helena Jans van der Strom est servante chez un libraire. Ce dernier doit accueillir un penseur français, René Descartes, accompagné de son valet, Limousin. Mais Helena n'est pas une servante comme les autres : elle sait lire et rêve d'écrire. Dans ces Pays-Bas du XVIIe siècle, la relation qui va se nouer entre Helena et Descartes va les obliger à faire des choix.
En partant d'un événement et d'une rencontre réels dans la vie de Descartes, Guinevera Glasfurd lève le voile sur un coin de sa vie personnelle en s'intéressant à celle qui fut pendant de nombreuses années sa maîtresse et lui donna au moins un enfant, si l'on en croit ce roman. Et pour ma part, j'ai tendance à le croire, même s'il est tout à fait probable que Guinevera Glasfurd, qui signe ici son premier roman, se soit amusée à broder sur la réalité pour créer un roman autour de cette relation difficile à qualifier.
Avec une plume délicate qui semble prise par Helena, Guinevera Glasfurd prend le temps de raconter les émotions, les sentiments, de peindre un décor et une ambiance à la manière des peintres flamands de l'époque. Rien n'est violent ni pressé, tout est maîtrisé, et le lecteur se promène dans le temps aux côté d'Helena et de Descartes. Le roman est aussi l'occasion de découvrir ce dernier, personnage essentiel mais secondaire en termes de présence, ainsi que ses théories et les difficultés qu'il put rencontrer dans un monde qui se révolutionnait peu à peu.
Avec beaucoup de sensibilité, Les mots entre mes mains offre une découverte historique des plus intéressante pour qui aime conjuguer qualité littéraire, accessibilité du style et Histoire.
"Il souffle sur la farine pour la disperser et bouscule un oeuf qui s'écrase par terre. Je lui dirai bien de nettoyer, mais cela reviendrait aux oreilles de M. Sergeant, qui préférera se passer de servante qu'en avoir une qui répond, collectionne les plumes et transforme le jus de betterave en encre." (p. 117)
Une lecture en partenariat avec NetGalley et Préludes, sortie en librairie aujourd'hui 24 août !
Texte © Miss Alfie 2016.
Couverture : Les mots entre mes mains, Guinevere Galsfurd, traduit de l'anglais par Claire Desserey, éditions Préludes, 2016, 448 pages.