Apaise le temps - Michel Quint

Yvonne tient l'une des dernières librairies indépendantes de Roubaix. Lorsqu'elle meurt, Abdel, professeur de français, voit sa vie bouleversée : Yvonne lui lègue la librairie, le fond et tous ses biens. En se plongeant dans un héritage en faillite, Abdel voit ressurgir un passé marqué par le conflit d'indépendance de l'Algérie.

J'ai déjà eu l'occasion de lire du Michel Quint, et j'ai même eu la chance de le rencontrer à deux reprises. Aussi, lorsque Babelio m'a proposé ce partenariat avec les éditions Phébus pour la sortie de son dernier roman, j'ai accepté car j'avais envie de tenter à nouveau le coup, étant restée sur ma faim dans ma dernière lecture de Quint.

Côté écriture, je dois dire que Michel Quint est un auteur très bon : on sent qu'il maîtrise la langue française et qu'il a du passer du temps à travailler son texte et à choisir LE mot qui conviendra à cet endroit. Pourtant, à force d'incises, de virgules et d'énumérations, Quint m'a laissé sur le bord de la route. 

J'ai d'autant plus ressenti cet égarement avec l'intrigue : tout au long de l'histoire, j'ai eu la sensation de glisser sur les sujets, de ne faire que les effleurer. Il n'y a guère qu'à la fin, au dénouement de l'intrigue, que le tout a légèrement gagné en intensité... Mais à force d'énumération de sigles sans réellement ré-expliquer le conflit algérien, j'avoue m'être lassée... Et à force de vouloir aborder trop de thèmes (le conflit algérien donc, mais aussi la pauvreté financière et intellectuelle d'une partie de la population roubaisienne, les stratégies pour combler ces lacunes, la reprise de la librairie, l'amour...), aucun n'apparaît comme réellement traité. Dommage, car il y avait là de quoi faire une grande fresque ! Mais, pour ce que j'ai vu de l'oeuvre de cet auteur, je ne crois pas qu'il soit un adepte des fresques romanesques. 

Autant dire que malgré une réelle qualité linguistique, une réflexion sur le pouvoir de la littérature plus que pertinente, Apaise le temps ne rentrera pas dans mes inoubliables !

"Alors tu peux revendiquer tes racines en bloc, négritude, exil, pauvreté, descendant de victimes de l'esclavage et du colonialisme, flamezoute de toute éternité, c'est pas d'affirmer ta différence qui te rendra égal, ni de prendre les armes, c'est de te donner les moyens d'être aussi fort que n'importe qui. Par la matière grise." (p. 12)

Texte © Miss Alfie 2016.
Couverture : Apaise le temps, Michel Quint, éditions Phébus, 2016, 112 pages.

Comments

[Alex-Mot-à-Mots]

A part Effroyables jardins, je crois que je n'ai rien lu de lui.....

[Noukette]

Dommage... Je viens de le terminer et j'ai vraiment beaucoup aimé...!

[clara]

Comme toi, le sigles de la guerre d'Algérie m'ont un peu perdue ( mais c'était faute de ne pas tous les connaître)