Le problème SpinozaEn 1656, à Amsterdam, Bento Spinoza est soumis à un herem : il est excommunié violemment de la communauté juive. Début du 20e siècle, en Estonie, Albert Rosenberg choque le directeur de son lycée par des propos antisémite. Il se voit contraint de lire ce que Goethe écrivit à propos de Spinoza...

Voilà un livre vers lequel je ne serai pas spontanément allée si mon amie Lili galipette ne me l'avait pas fortement conseillé en ajoutant qu'il devrait tout à fait m'intéresser. Grand bien lui en a pris, et qu'elle soit remerciée de ce conseil, car Le problème Spinoza est en effet un roman tout à fait passionnant. Attention cependant, n'allez pas vous y plonger si vous cherchez une lecture légère et distrayante car ici, la philosophie est présente à presque toutes les pages, qu'on parle de philosophie religieuse, spinozisme ou de théories aryennes (qui sont une sorte de philosophie, bien que détestable, entendons-nous bien !).

Dans ce roman, Irvin Yalom met en perspective deux histoires, deux destins. D'un côté, il nous fait découvrir le juif excommunié qui signa Benedictus Spinoza ses écrits. Rejeté par ses pairs, Spinoza développa une théorie remettant en cause toutes les religions, quelles qu'elles soient. Pour lui, Dieu s'incarne dans la nature et les croyances et superstitions auxquelles les hommes adhèrent sont fallacieuses. De l'autre côté, il nous fait suivre les pas du SS qui vint piller la bibliothèque de Spinoza pendant la guerre, un nazi qui ne pouvait comprendre comment un juif fut tant adulé par les penseurs allemands, à commencer par Goethe. Puisqu'il était juif de naissance, Spinoza ne pouvait fondamentalement pas avoir d'idées pertinentes (on se demande bien lequel des deux a les idées les plus stupides d'ailleurs...).

Si les deux histoires, et tout particulièrement celle de Spinoza, sont très intéressantes d'un point de vue intellectuel, on pourrait reprocher à l'auteur d'avoir mis en scène deux personnages qui ne se croisent pas réellement, deux histoires au final peu imbriquées. J'ai ressenti peu d'attachement ou d'émotions pour ces deux hommes (mais comme l'un des deux est quand même l'un des penseurs du régime nazi, et qu'on sait ce que j'en pense, ce n'est pas si étonnant que ça), même si, encore une fois, culturellement et intellectuellement, je me suis régalée dans ce roman qui m'a notamment fait découvrir la pensée spinoziste.

Texte © Miss Alfie 2016.
Couverture : Le problème Spinoza, Irvin Yalom, traduit de l'angalsi (américain) par Yvette Glaize, éditions Livre de poche, 2014, 552 pages.