La théorie des six - Jacques Expert
Selon la "théorie des six" énoncée par le hongrois Frigyes Karinthy, tout individu sur terre peut être relié à n'importe quel autre par une chaîne de connaissances ne comptant pas plus de cinq intermédiaires. Cet auteur ne s'attendait certainement à ce que sa théorie devienne un jour le mode opératoire d'un tueur en série. Julien Dussart lance pourtant ce défi à la police : il annonce qu'il a décidé de tuer quelqu'un et que la seule façon de l'arreter consiste à comprendre sa logique. (quatrième de couverture)
Où est le Jacques Expert que j'avais aimé dans Adieu ? Hein ? Etait-ce un coup de bol que ce roman était plutôt réussi et que les suivants soient quand même passablement mauvais ? Ou alors est-ce moi qui ai surévalué ce roman ? C'est possible mais pour le coup, je reste circonspect. Dans La théorie des six comme dans ma précédente lecture, je suis atterré par les personnages créés par Jacques Expert.
Racisme, misogynie, mépris pour les subordonnés, sentiment de supériorité sont autant de "qualités" que se partagent les deux principaux protagonistes de ce roman que sont le tueur en série et la commissaire de police. On retrouve ces traits de caractère dans les personnages des autres romans d'Expert. J'en viens donc à m'interroger sur le message que cherche à faire passer l'auteur. Est-ce une description de la société et par là une critique, ce qui n'est manifestement pas évident dans la mesure où il n'y a pas de contrepoids à ces sentiments détestables ? Est-ce juste un reflet de l'esprit de Jacques Expert auquel cas il conviendrait de s'inquiéter ? Est-ce une volonté manifeste de créer des personnages détestables pour que le lecteur ne s'identifie pas ou, au contraire pour faire un miroir de la société ? Encore une fois, sans contrepoids, je reste mal à l'aise.
Quant à l'histoire, le fil conducteur du lecteur est de savoir quelle est cette fameuse sixième personne que cherche à atteindre le tueur. Sans indice dans la première moitié, la réponse vient petit à petit dans la seconde moitié et la surprise n'est au final pas tellement bouleversante dans la mesure où, pour ma part, j'aurai levé le lièvre avant son apparition. Je ne parle pas du style littéraire puisqu'il est difficile d'en trouver un. L'histoire étant racontée des yeux des deux protagonistes, les récits transpirent des caractéristiques odieuses décrites ci-dessus. Sans être mal écrit, ça reste une sorte de récit oral de deux personnages transposé à l'écrit. Du coup, ça reste assez simple et, donc, sans style particulier.
En guise de conclusion, voilà un livre qui me laisse à penser que j'en ai fini avec un auteur. D'ailleurs, le pitch de son dernier ouvrage ne m'a pas enthousiasmé. Donc, mon petit Jacques, notre rencontre fut sympathique mais tu as fini par me lasser à force de me décevoir. Au revoir ?
Texte © Alfie's mec, 2016.
Couvertures : La théorie des six, Jacques Expert, Éditions Le Livre de Poche, 2008.