Le mur de mémoire - Anthony Doerr
De l'Afrique du Sud à la Lituanie, de la vieillesse à la procréation, des hommes et des femmes interrogent leur mémoire et leurs souvenirs.
Les recueils de nouvelles se font relativement rares sur le blog. Il faut dire que je préfère allègrement me plonger dans une longue histoire qui me laisse le temps de faire connaissance avec les personnages, qui permet à l'auteur de créer un univers, plutôt que de passer toutes les cinquante pages à une nouvelle intrigue. Et pourtant, l'exercice d'écriture en lui-même est plutôt intéressant. Je me suis donc laissée tenter par ce recueil d'Anthony Doerr, écrivain découvert au printemps avec son dernier roman pour lequel j'avais alors eu un coup de coeur.
Pour commencer, parlons du gros point positif du recueil, à savoir la concordance de thématique : rien de plus agaçant pour moi qu'un recueil qui fait passer du coq à l'âne, j'en viens à me demander quelle logique a suivi l'éditeur en dehors de la logique commerciale ! Ici, le sujet au coeur de chaque histoire est des souvenirs sous toutes leurs forme, de la transmission de l'héritage, de la mémoire à sa conservation malgré l'âge, la disparition ou l'éloignement. Anthony Doerr passe du fantastique au réalisme pour interroger les mécanismes qui créent l'histoire des hommes mais aussi celle d'une famille. Que faire de nos souvenirs ? Comment se matérialisent-il ? Qu'est-ce que se souvenir ?
En revanche, encore une fois, j'ai eu du mal avec le format. Certains nouvelles m'ont clairement beaucoup plus marquées que d'autres (notamment la nouvelle qui donne son titre au recueil, "Le mur de mémoire", et qui convoque de l'anticipation, ou la dernière "Vie posthume"). J'ai lu chaque nouvelle à peu près d'une traite, mais de fait, les univers changeant à chaque fois, ils ne collaient pas forcément pile à mon humeur du moment, beaucoup moins changeante pour le coup ! De même, ne nous leurrons pas, certains sujets et traitement du thème m'ont moins parlé : "Village 113" m'a particulièrement semblé interminable...
Cependant, malgré ce bémol clairement lié au concept de recueil de nouvelle, l'ensemble dégage une réflexion pertinente et intéressante sur la notion de mémoire. De la mémoire des objets à celle que nous voulons transmettre, par l'écrit ou par les actes... Un joli recueil qui laissait déjà voir le talent qu'Anthony Doerr développa dans son Prix Pulitzer.
Mes remerciements aux éditions Livre de poche pour cette découverte et ses voyages dans les arcanes des souvenirs !
Texte © Miss Alfie 2015.
Édition présentée : Le Mur de mémoire, Anthony Doerr, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Éditions Livre de poche, 2015, 336 pages.