Un été sans les hommes - Siri Hustvedt
Poétesse de son état, Mia quitte sa maison pour se rapprocher de sa mère le temps d'un été, et fuir Boris, son compagnon, qui vient de lui annoncer avoir une liaison. Elle en profite pour animer un cours de poésie où se retrouve une poignée d'adolescentes.
Plantons d'office le décor : cela faisait bien longtemps que je n'avais pas abandonné un livre en cours de route, mais c'est la mésaventure que j'ai eu avec ce roman américain que j'abordais avec intérêt puisqu'il était depuis un bout de temps dans ma PAL et qu'il y était entré avec beaucoup d'espérance. Oui, mais faire attendre un livre trop longtemps, c'est prendre le risque d'être passé à autre chose, à un autre univers, recherche d'autres émotions et sensations de lecture que celles qu'on pensait y trouver initialement, et passer à côté d'un roman. Ceci dit, j'avais quand même envie de vous parler de ce roman, histoire que ceux qui auraient envie de le tenter soit un peu prévenu de la déconvenue que j'ai ressenti à la lecture et de nuancer certaines chroniques extrêmement positives (comme Le Monde qui parle de "roman subtil et enjoué", je pense qu'ils ont fumé...).
Soyons honnête, le style n'a rien de mauvais. On est dans une écriture de qualité, une romancière américaine contemporaine qui met en scène dans une espèce de mise en abîme une autre écrivain, poétesse celle-là, dont elle parsème son récit d'extraits de cette production imaginaire. Sauf que déjà, là, ça va mal : la poésie, j'aime assez, mais la poésie classique, format sonnet avec des rimes riches par exemple. Pas un espèce de truc contemporain perché basé sur l'écriture intuitive ou je ne sais quelle autre logique. Me voilà donc tentant de lire dans un sens et dans un autre ces brefs passages pour y trouver un sens justement avant de me décider à les zapper.
Ces digressions évitées, que raconte le coeur de l'intrigue ? Une femme à que son compagnon a avoué avoir une maîtresse, qui pète un plomb et a besoin de se reconstruire. Bon, soit. Alors allons-y doucement. Oui, enfin, pas trop doucement... Si ? Bon. Alors certes, j'exagère, il y a un peu d'action, comme la copine de la mère de la narratrice qui se casse la figure et craint d'aller à l'hôpital. Suspense... C'est sur qu'après Stephen King, ça change !... Il y a bien l'autre copine de la maman, la petite vieille qui brode des scènes de cul dans la doublure de ses couvertures. Sauf que poursuivre le livre pour UN personnage, qui n'est même pas le personnage principal, ça fait juste quand le reste ne nous retient pas...
Parce que non, la narratrice n'a pas non plus réussi à capter mon intérêt. Mon empathie pour elle semble s'être évaporée au fil des pages, à mesure qu'elle dénigrait les hommes et les rassemblait dans un pot commun de genre masculin inconséquent et irréfléchi. Alors que, elle, quand même, était la stabilité, la raison incarnée, qu'avec Boris elle a fait tout pour qu'il réussisse sa carrière (Boris qui entre nous soit dit semble surtout aux petits soins de madame qui reste pépère à la maison attendre que l'inspiration de la poétesse qu'elle est descende jusqu'à sa main et trace sur le papier des mots...). Bref, une espère de procès en règle des hommes sans que ces derniers puissent se défendre puisque les deux dont on parle au début (je me suis arrêtée à peu près à la moitié de l'histoire) sont Boris, son ex-compagnon, et le mari de la voisine qui n'est pas non plus décrit sous un jour avantageux... Le tout servi par une plume peut-être de qualité, mais qui vire vite à l'hautain...
Bref, tout ça pour vous dire que ça m'apprendra et que ça va m'inciter à faire un peu de ménage dans ma PAL : un livre qui attend trop longtemps son tour est un livre perdu !
Texte © Miss Alfie 2015.
Édition présentée : Un été sans les hommes, Siri Hustvedt, traduit de l'angais (Etats-Unis) par Christine Leboeuf, Éditions Actes sud, Collection Babel, 2013, 213 pages.