Germain est célibataire. Il vit simplement dans une caravane au fond du jardin de la maison de sa mère. Les livres ? Il ne connaît pas. Jusqu'au jour où il rencontre Margueritte, sur un banc du parc. Quand cette dernière commence à lui faire la lecture, Germain découvre un monde de possibles...
Ce livre est une pépite, un bijou, un bonbon qui fond dans la bouche, une papillote de Noël avant l'heure. Si vous n'avez pas encore finalisé votre liste au Père Noël, ajoutez-le vite !
Avec beaucoup de simplicité, Marie-Sabine Roger brosse l'histoire de la rencontre entre deux être, et de la rencontre entre un homme dont le passe-temps favoris est de causer avec ses potes au bistrot et de la littérature.
"Les mots, ce sont des boîtes qui servent à ranger les pensées, pour mieux les présenter aux autres et leur faire l'article. Par exemple, les jours où on aurait l'envie de frapper sur tout ce qui bouge, on peut juste faire la gueule. Mais du coup, les autres peuvent croire qu'on est malade, ou malheureux. Alors que si on dit d'une façon verbale, Faites pas chier, c'est pas le jour ! Ça évite les confusions." (p. 27)
Peu à peu, entre celui qu'on pourrait vite qualifier de simple d'esprit, celui qui donne des noms aux pigeons du parc, et l'ancienne chercheuse, une relation de confiance, de transmission, et finalement d'amitié va s'établir. Peu à peu, Germai découvre un autre univers que celui dans lequel il était bercé. Ses proches ne lui apparaissent plus de la même manière, et il s'humanise...
"Lorsque j'ai rencontré Margueritte, j'ai trouvé ça compliqué, d'apprendre le savoir. Ensuite, intéressant. Et puis flippant, parce que, se mettre à réfléchir, ça revient à donner des lunettes à un myope. Tout semblait bien sympa, tout autour : facile, c'était flou. Et tout d'un coup on voit les fissures, la rouilles, les défauts, tout ce qui part en couille. On voit la mort, le fait qu'on va devoir quitter tout ça et même pas forcément d'une façon marrante. On comprend que le temps, ça fait pas que passer : ça nous pousser à crever un peu plus tous les jours, des deux mains dans le dos. Il n'y a pas de pompon à choper pour faire un tour gratuit, sur le manège. On fait son tour de piste et point barre : on s'en va." (p. 61-62)
Émaillé de références littéraires, de "définitions" de mots issues de dictionnaire, La tête en friche est une ode aux livre. Ce roman rappelle combien se plonger dans un roman peut élargir non seulement nos connaissances, mais aussi notre esprit, notre regard sur le monde. Emprunt d'une philosophie très simple elle aussi, ce coup de coeur devrait plaire à tous ceux qui aiment lire sans se poser de questions, juste pour le plaisir !
"Landremont, qui aime bien les phrases, il répète souvent, Ce qui ne te tue pas te rend plus fort.
Alors c'est ça la vie : ou t'es fort, ou t'es mort ?
Tu parles d'un choix à la con." (p. 130)
Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : La tête en friche, Marie-Sabine Roger, Editions J'ai lu, 2012, 251 pages.