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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
20 octobre 2014

La femme de hasard - Jonathan Coe

femme de hasardMaria vit chez ses parents près de Birmingham. Elle réussit à entrée à Oxford. Accompagnée bien malgré elle de Ronny, elle y fait quelques rencontres. Finit par se marier. Le tout sans comprendre ce que peut bien être le bonheur.

En France (et peut-être ailleurs aussi du coup), on a quand même la manie d'attendre qu'un auteur ait fait ses preuves avec l'un de ses succès récents pour sortir ses premiers romans. On se retrouve donc avec, sur le marché, des ouvrages travaillés, qui ont gagné en maturité, et des nouveautés pas si nouvelles que ça dans lesquelles on constate souvent des naïvetés, des faiblesses ou des maladresses qui témoignent de la jeunesse de l'auteur dans l'écriture. Beaucoup de lecteurs s'avouent alors déçus par ces lectures "de jeunesse", surtout quand ils oublient ce paramètre dans leur critique.

Mais pour une fois, je dois dire que Jonathan Coe m'a surprise. La femme de hasard, s'il n'a été publié en France que fin 2006, est le premier roman de Jonathan Coe à avoir été publié en 1987. Près de vingt ans avant le brillant Testament à l'angaise ou La maison du sommeil. Et déjà dans ce roman assez court (moins de 200 pages, vous savez que chez moi, ça fait deux jours), on perçoit tout le talent de ce romancier.

Il faut dire que le personnage de Maria est très particulier. Ni réellement antipathique ni franchement sympathique, Maria semble traverser son existence sans la prendre en main, se laissant porter par les événements sans trop comprendre le pourquoi du comment. Maria est un être neutre, qui reste à la lisière des événements, dont la vie change car un élément extérieur est venu la percuter.

Pour raconter ce genre de personnage, sans envie, sans ami, sans désir, il fallait un narrateur plein de cynisme et d'ironie, sans quoi la lassitude et l'ennui pouvaient assez rapidement contaminer le lecteur. Avec un mécanisme d'interpellation régulière du dit lecteur, Jonathan Coe réussit à insuffler à l'ensemble la dose minimale d'humanité nécessaire à cette analyse des relations humaines peut optimiste, mais non dénuée d'intérêt.

Si La femme de hasard aurait pu aller plus loin à certains moments, Jonathan Coe livrait pour son premier roman une histoire prometteuse et laissait déjà entrevoir l'auteur très apprécié qu'il est devenu. Une lecture pour les amateurs de Coe, mais sans doute pas pour le découvrir en premier lieu.

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Lis tes ratures : "Un livre faussement interactif, où l'auteur se joue autant du lecteur que de son héroïne, si tant est qu'il joue."
  • Conduite en état livresque : "Jonathan Coe a créé d'autres situations loufoques où l'on rit aux dépens des personnages. Cependant, à force de vouloir trop en faire, il m'a ennuyée."

Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : La Femme de hasard, Jonathan Coe, traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin, Editions Gallimard, collection Folio, 2006, 184 pages.

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Commentaires
E
C'est alléchant. C'est une présentation de la dépression en quelque sorte.
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N
J'ai lu deux livres de Jonathan Coe : La vie très privée de monsieur Sim, que j'ai beaucoup aimé, et la maison du sommeil, qui m'avait plutôt ennuyé. Un jour, je tenterai un nouveau livre de lui, peut-être celui-ci, ou alors testament à l'anglaise
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K
Comme j'ai lu quelques Coe, je pourrai peut-être tenter celui-ci. Mais je n'aurais peut-être pas osé tenter celui-là vu que, justement, il n'est pas récent.
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S
Je n'ai lu qu'un seul de ses livres et je n'avais pas été très emballée. Il faut que je retente l'expérience :-)
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L
Je ne connaissais pas du tout ce titre alors que je pensais n'avoir plus qu'une découverte à faire avec Coe (A Touch of Love). Je le note donc avec plaisir :)
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