Fannie a un oeil de verre. Fannie fait très attention à ce que cela ne se voit pas. Fannie vit seule. Elle est infirmière. Un dimanche par mois, elle déjeune chez ses parents, dans une banlieue américaine. Une petite ville sinistrée par la crise économique. Alors Fannie va préparer une rencontre particulière...
Jusqu'à présent, exception faite de son court roman issu d'une résidence d'écriture à Besançon, je n'avais lu Marcus Malte que dans son versant polar. La sortie aux éditions Zulma hier 2 octobre de son nouveau recueil était l'occasion de me confronter à un style Malte que je connaissais beaucoup moins. Je parle ici de recueil, car Fannie et Freddie rassemble en réalité deux courtes histoires que j'assimile à des nouvelles, Fannie et Freddie d'une part et Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas d'autre part.
Le point commun entre ces deux histoires est la noirceur, et le basculement de vies sur un coup de feu. Deux histoires, deux êtres paumés, dans des environnements marqués par la crise, sinistrés, où le chômage est loi. La première nouvelle est particulièrement puissante. Elle nous embarque aux Etats-Unis, dans ces villes décimées par la crise des subprimes qui a poussé à la rue des milliers de famille en accession à la propriété. Autant de drames humains qui semblent bien loin des considérations de ces hommes et femmes qui spéculent avec l'argent des épargnants...
L'argument du livre parle d'une "vengeance à couper le souffle". Pour moi, ces deux histoires témoignent surtout de la détresse qui peut envahir les êtres humains à la faveur d'un acte, et les extrémités auxquelles ces gestes peuvent conduire... Deux histoires sombres et puissantes, qui témoignent du talent de Marcus Malte à écrire la détresse et la face sombre de notre monde.
Merci aux éditions Zulma pour cette incursion dans l'univers "hors polar" de Marcus Malte !
Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : Fanny et Freddie, Marcus Malte, Editions Zulma, 2014, 160 pages.