La double vie d'Anna Song - Minh Tran Huy
Brillante pianiste recluse, Anna Song est atteinte d'un cancer des ovaires. A la veille de sa mort, elle décide d'enregistrer avec son mari et manager, Paul, un nombre impressionnant d'oeuvres qui lui aportera le succès si longtemps attendu. Mais à la faveur d'une manipulation informatique, le monde de la musique entre en émoi : Anna Song ne serait pas l'interprète si brillante qu'on le dit...
La double vie d'Anna Song est un roman qui se lit très vite et qui devrait vous permettre de passer un moment sympathique, même s'il ne restera pas dans ma mémoire comme inoubliable. Pour ce roman centré sur la musique classique, Minh Tran Huy s'est largement inspirée de l'histoire vraie de Joyce Hatto, pianiste qui fut déclarée interprète d'un certain nombre de pièces avant que la supercherie ne soit révélée.
Un peu trop inspirée d'ailleurs, si j'en crois les quelques articles que j'ai lu sur Joyce Hatto : pour peu que vous lisiez ne serait-ce que les grandes lignes de la page Wikipédia qui lui est consacrée, vous trouverez les grandes lignes du scénario de Minh Tran Huy. En soit, est-ce gênant ? Non, pas forcément. Nombreux sont les auteurs qui s'inspirent d'un fait divers pour en faire un roman. Minh Tran Huy le transpose avec une héroïne d'origine vietnamienne, en profite d'ailleurs pour introduire quelques éléments de l'histoire de ce pays, et voilà un roman qui tourne autour d'une arnaque.
Pour raconter au lecteur cette arnaque, Minh Tran Huy introduit deux modes narratifs qui se croisent : le récit de Paul, le mari d'Anna Song, qui va de leur rencontre pendant l'enfance jusqu'aux derniers jours d'Anna (et s'achève par un petit coup de théâtre qui m'a rappelé celui de La grand-mère de Jade), et des extraits fictifs de journaux évoquant Anna Song, sa carrière et le mensonge mis à jour.
Si le procédé peut être intéressant, j'ai regretté à plusieurs reprises de nombreuses redites entre les articles entre eux et le récit de Paul, et j'aurai également aimé un travail plus important de l'auteur pour créer de véritables variations de styles entre ces articles. J'avais à la longue l'impression qu'ils avaient tous été écrits par le même auteur (ce qui, en soit, n'est pas complètement faux vous en conviendrez !).
Alors que Minh Tran Huy possédait une idée de départ plus qu'intéressante, qui a d'ailleurs contribué à son succès sur la blogosphère, l'ensemble aurait à mon avis pu être plus travaillé et poussé pour éviter que La double vie d'Anna Song ne soit une pale copie de ce qui s'est déjà fait, avec une intrigue complètement copiée et sans réelle surprise. Un moment sympathique qui met en lumière une fois de plus toutes les folies qu'un amour inconditionnel peut engendrer, mais dont je conserverai plus en mémoire les imperfections que son réel intérêt.
Ce qu'on en dit ailleurs :
- Cynthia et ses contes défaits : "Un récit sur l'amour intemporel qui rend hommage aux êtres qui continuent de vivre dans le souvenir de ceux qui restent et qui s'avère d'autant plus touchant lorsqu'on arrive à la révélation finale !"
- Lecturissime : "L’histoire elle-même, si surprenante, romancée bien sûr par l’auteur qui nous offre une chute vertigineuse..."
Une lecture qui s'inscrit dans le Challenge Destination PAL de Lili Galipette !
Texte © Miss Alfie 2014.
Édition présentée : La double vie d'Anna Song, Minh Tran Huy, Éditions J'ai Lu, 2011, 223 pages.