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Miss Alfie, croqueuse de livres... & Compagnie !
9 mai 2014

La grâce des brigands - Véronique Ovaldé

brigandsMaria Cristina a quitté Lapérouse, son village natal, pour aller suivre des études à Los Angeles. Encore mineure, elle a publié un livre devenu rapidement best seller. Un jour, sa mère l'appelle : elle doit venir chercher son neveu dont elle ne peut plus s'occuper. Maria Cristina s'envole pour un voyage vers ses origines.

Voilà le dernier roman de la sélection 2014 du Prix Océans. Et ma première rencontre avec Véronique Ovaldé, auteur français pourtant désormais reconnue sur la scène littéraire. Alors autant vous le dire toute de suite, j'ai été un peu déstabilisée par son style littéraire, par ces longues phrases qui intègrent la plupart du temps les dialogues et les échanges, ainsi que les réflexions mentales des personnages, et ces multiples répétitions du prénom du personnage, comme si l'auteur craignait qu'on l'oublie.

Une fois dépassé cet aspect, c'est sans doute le roman de la sélection mensuelle qui m'a le plus intéressé, par la psychologie et la richesse potentielle de ses personnages. Je dis potentielle, car j'aurai parfois aimer que Véronique Ovaldé creuse un peu plus certains personnages, certains faits.

"Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que l'apparente docilité de Maria Cristina était en fait un type de résistance. Mais une résistance tranquille et adaptée au contexte. Une résistance à ce que sa mère pensait faire d'elle, une résistance à son milieu. Une sécession silencieuse en quelque sorte." (p. 83)

Pendant de longues pages, je me suis demandée où Véronique Ovaldé voulait m'emmener, et je n'ai finalement compris cette histoire qu'une fois l'avoir terminée. Le retour à Lapérouse de Maria Cristina s'apparente pour moi à une sorte de voyage initiatique. Un moment au cours duquel elle passe sa vie en revue, fait le point sur celle qu'elle était avant de partir, sur l'éducation qu'elle a reçu, et sur ce qu'elle a découvert à L.A. et celle qu'elle est aujourd'hui.

"Comment ne pas faire attention en tout premier à la couleur de peau quand c'est par ce biais qu'on vous a appris à regarder les gens et à les évaluer, comment ne pas lire un nom en y déchiffrant avant tout une terminaison juive, arménienne, comme trouver normaux les couples mixtes quand on vous a enseigné depuis l'enfance que les Noirs sont tout de même situés bien plus près des gorilles que les Blancs dans l'échelle de l'évolution, comment cesser de demander exclusivement son chemin dans la rue aux femmes blanches, comment se débarrasser de cette distorsion ?" (p.141)

Ce retour en arrière est l'occasion de voir Maria Cristina se confronter avec des univers que sa mère qualifierait de diabolique, de découvrir une jeune femme qui cherche sa place et la trouve en s'isolant des autres. Jusqu'à la rencontre avec Peeleete, son neveu. Un petit bonhomme de cinq ans qui va l'amener à changer sa vision du monde, déclencheur d'un virage dans sa vie.

"Il y a toujours ce moment parfait où vous détachez les cordes qui étaient nouées à vos poignets, les cordes y laissent leurs marques et leur brûlure mais quel plaisir de pouvoir regarder vos poignets, de le faire plusieurs fois par jour et de n'y voir que la trace du cordage et pas le cordage lui-même." (p. 276)

Si aucun roman n'aura été un réel coup de coeur ce mois-ci, La grâce des brigands reste le roman qui me laisse la plus douce impression. Maria Cristina continue de me hanter et je ne peux que regretter que cette jeune femme prometteuse n'ait pas baissé sa garde plus tôt... Une auteur à découvrir, malgré les imperfections de ce roman !

Ce qu'on en dit ailleurs :

  • Des Galipettes entre les lignes : "Si j’ai retrouvé dans ce roman l’élégance du style de Ce que je sais de Vera Candida, je n’y ai pas trouvé la puissance narrative. Trop de pistes sont esquissées et trop peu aboutissent."
  • Le monde de miss G : ""La grâce des brigands" est un roman que je n'ai ni aimé ni détesté, je l'ai juste contemplé en tant que lectrice et ai quelque peu regretté que les thèmes abordés ne soient pas plus creusés et que l'héroïne ne soit pas plus charismatique."
  • Les chroniques assidues : "Mon avis sur ce roman est assez mitigé. J'ai bien aimé, mais il manque quelque chose pour que ce roman devienne un coup de cœur."
  • Ma bouquinerie : "Je l’ai lue, suivie, mais je ne suis pas franchement entrée dedans. J’ai eu l’impression qu’il manquait des choses pour que l’histoire décolle vraiment."

Un roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Océans 2014 !

2014

Texte © Miss Alfie, 2014.
Edition présentée : La grâce des brigands, Véronique Olvaldé, Éditions de l'Olivier, 2013, 284 pages.

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Commentaires
K
Je pense que je lirai plutôt Vera Candida...
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G
Je n'ai pas accroché du tout à ce roman, comme toi je ne savais pas où voulait m'emmener l'auteur et même à la fin je n'ai pas compris, je l'ai trouvé assez creux pour tout dire. Mais c'est intéressant de lire des avis différents.
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L
Pas de franche adhésion sur ce roman dont la rentrée littéraire a pourtant tellement parlé.
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