Il y a longtemps, Bosmans a rencontré Margaret Le Coz. Dans ses carnets, il retrouve ses souvenirs. Qui est Margaret ? Qui fuit-elle ? Et lui-même ? Qui est-il ?
Bien que Modiano soit un auteur bien connu du paysage littéraire français, L'horizon n'est que le second roman de lui que je lis. Le premier, Dans le café de la jeunesse perdue, m'avait laissé un peu dubitative, sur ma faim. Mais en relisant la chronique que j'avais rédigé à l'époque, je constate avec surprise une thématique que j'ai retrouvé dans ce nouveau roman, celle de la disparition, de la fuite...
Ce roman m'a laissé une sensation de flou, de brouillard, un peu comme celui qui enveloppe le paysage au loin sur cette couverture. On ne connaît que peu de choses des personnages que l'on croise, de l'époque à laquelle l'histoire se passe. Les hommes et les femmes qu'ils croisent sont eux-mêmes peu précis. Modiano s'arrête sur des détails (les cheveux rouges de la femme), sur ces choses qui marquent le souvenir, mais occulte d'autres éléments, comme une mémoire qui aurait effacé ce dont elle ne veut plus se souvenir.
Ce court roman est aussi l'histoire d'une quête, celle de Margaret. Disparue brusquement de la vie de Bosmans, ce dernier tentera de comprendre, de la retrouver, de retrouver l'homme qu'elle fuyait à l'époque. De ces deux âmes en fuite, aucun ne semble connaître son père. Quant à leurs mères, elles sont plus que mystérieuses... On perçoit dans cette histoire une véritable quête de l'identité et de la filiation.
S'il y a une chose que l'on peut reconnaître à Modiano, c'est sa capacité à créer une ambiance, une atmosphère. Tout le mystère qu'il instille à son histoire et à ses personnages nappe l'ensemble d'un voile... Néanmoins, si ce voile est délicat et agréable, je ne suis pas certaine que ce livre reste dans ma mémoire très longtemps. Deuxième lecture, deuxième moment de scepticisme... Peut-être Modiano est-il destiné avant tout à ses inconditionnels qui sauront dérouler le fil de ses marottes tout au long de son oeuvre...
Ce qu'on en dit ailleurs :
- Scriptus est : "Comme souvent, ses personnages sont flous mais son art du récit nous les rend en même temps très présents."
- Sur la route de Jostein : "On termine ce livre, non pas avec une histoire mais avec une atmosphère dans la tête."
- Des galipettes entre les lignes : "Le style de Modiano est superbe, mais cela n’a pas suffi à m’accrocher."
Texte © Miss Alfie 2013.
Édition présentée : L'horizon, Patrick Modiano, Éditions Folio, 2011, 176 pages.